Notting Hill, appartement 307

La tasse remise à Leminer, elle s'assit à l'autre bout du divan pour se sentir plus à l'aise de parler avec lui. Il but quelques gorgées. Le liquide chaud fit effet assez rapidement. Le visage crispé de l'homme jusqu'à maintenant devint plus détendu; Sa respiration plus lente et profonde; Son pouls arrêta de sursauter au moindre bruit ou mouvement inopportun. Son état général était beaucoup plus calme et pour une fois, ce n'était pas une façade.

Pendant, qu'il buvait et continuait de relaxer, elle fut amusée de voir des pigeons sur le balcon. «Veulent-ils faire une petite partie de chasse avec moi? Ils sont assez simples que cela se pourrait bien. Avec la ville, on dirait que les animaux sont dénaturés et ne voyent plus le danger d'un prédateur potentiel.» Elle fut déranger dans sa réflexion par Leminer.

-Tu voulais me poser des questions, n'est-ce pas?

«Des questions, j'en ai peut-être un peu trop pour toi, disons... Mais allons une étape à la fois.»

- Je me demandais premièrement si le couple mort était tes parents...? Tu parlais de drame familial? T'étais un enfant, hm? Quel âge environ? Tu n'était peut-être pas au courant des problèmes familiaux... Bref, une à la fois.

Elle remarqua que Leminer gardait les yeux fermés, mais restait éveillé. On aurait dit qu'il était en état d'hypnose. «Une chance que je n'ai pas plus concentré les herbes, sinon, il serait bien en train de dormir à présent! J'espère qu'il ne va pas se pousser trop et laisser aller les choses comme elles viennent. Il lui manque cruellement de laisser aller.»

Le docteur essayait de se rappeler de la scène du mieux qu'il pouvait, mais les émotions venaient avec les images et l'odeur lui revenait à la mémoire. Moins intenses, mais très réel. Est-ce que ce couple était bien ses parents? Dans son monde, ils sont rien pour Leminer, mais la société les considéraient comme ses parents biologiques, rien de plus. Quand il se ramenait mentalement dans la pièce, il y avait toujours l'odeur, le sang et la chair des deux personnes éparpillés dans la pièce. Il se rappelait des visages sans yeux des deux têtes sur le lit. En se remémorant bien de leur visage morbide, il les identifiait. C'étaient bien eux.

Quand il revenu dans la réalité, ces yeux étaient ouverts et il avait encore la tasse dans ses mains.

-C'étaient bien eux. C'est quand j'avais huit ans que les avait retrouvé...

Il restait silencieux et bu une gorgée de la tisane. Il ne répondait à la question familiale sans en avoir réfléchit. Peut-être qu'Abigaheyl disait vrai, peut-être que c'était bien un problème familiale. Mais qui dans sa famille voulait leur mort à ce point là et aller jusqu'à les tuer de cette façon si cruelle? Non, il y a avait autres choses et sa raison pointait les Nocturnes.

-Avant que je les retrouve, ils avaient disparu pendant une journée et le lendemain. Je crois que tu comprends où je vais avec ça...

Il tombait dans le silence pour une deuxième fois et regardaient les deux pigeons qui observaient la scène et les deux individus.

Après la courte description de Leminer, Abigaheyl joigna le silence de celui-ci afin de cogiter sur le sujet.

«Il n'avait que 8 ans... et il a été témoin de la mort de ses parents... Du moins, une fois qu'ils soient été tués. Alors... Ils ont été enlevés une journée, puis retournés chez eux, morts. Ça me semble assez psychotique comme procédé. Pourquoi les retourner chez eux, une fois les avoir tués? Ceci pouvait être considéré fait par un humain vraiment dérangé ou bien... un vampire... Ils ont problablement enlevé mon père d'ailleurs... Ça serait plausible...»

Par chance, Abigaheyl était habituée aux vapeurs que dégageait la tisane, sinon elle aurait entré dans une relaxation profonde avec Leminer, car son odorat ne sentait que cela. Elle se rappelra de ses débuts en tant que guérisseuse lorsqu'elle faisait des expérimentations toute seule dans les bois. Elle s'était plus d'une fois endormie pour aucune raison apparente si ce n'était que des vapeurs un peu trop nombreuses de ses «potions». Ceci a dû avoir comme effet de l'immuniser contre certaines médecines sédatives.

- Leminer, t'es-tu toujours demandé qui avait bien pu faire ça? De plus, étaient-ils déjà morts avant d'arriver dans la maison? Et si possible...

«J'ai peur d'en demander trop. C'est quand même juste un humain qui n'est pas habitué au décor sanglant dans lequel j'ai vécu. Mais cette information pourrait me donner des indices sur les responsables.»

- Si possible, te souviens-tu dans quel état ils ont été retrouvé?... Tu sais que mon peuple a une grande tendance à la supertition. Donc, mon barème de croyances est assez large...

«Ouf! C'est assez risqué d'entrer dans ces détails-là... Et s'il me prenait vraiment pour une folle parce que je crois à des petits lutins, fées bienveillantes et diaboliques ainsi que les loups-garous et vampires existent.»

Évidemment, la première partie de son énumération n'était que d'un point de vue explicatif. Elle ne croyait pas aux lutins et aux fées. Elle en avait déjà assez avec le reste.

Le regard de Leminer se croisa avec celui d'Abigaheyl. Il avait de la crainte et son estomac lui faisait un tour complet dans son ventre. Imaginer les détails étaient plus faciles que de les décrire. En les imaginant il pouvait oublier les odeurs et la scène en sombrant les corps, mais en les décrivant il libérait ce qu'il ne voulait pas voir ou sentir.

Leminer ne comprenait pas pourquoi la jeune femme avait dit cette information sur sa grande connaissance sur les créatures mythiques. Il avait aussi une grande connaissance sur les monstres folkloriques et mythiques, ainsi que la preuve irréfutable que les loup-garous et les vampires existent.

Son visage montrait le dégoût et ses yeux se redirigèrent vers les pigeons qui eux n'avaient pas bouger de leur emplacement.

-C'était pendant le printemps, il commençait. Je me suis réveillé dans ma chambre par une odeur qui m'a levé le cœur. Je me suis donc dirigé vers l'odeur et elle m'attira, en même temps qu'elle m'expulsa, vers la chambre de mes parents.

Un jeune garçon s'approchait d'une chambre dont la porte lui était interdite d'ouvrir. Il avait en main une feuille de papier avec une note et des questions répondues. Un beau collant y était collé au coin de la feuille de papier.

-Mère, père?

Il cogna à la porte qui infestait ses narines et ses sens.


-J'ai cogné à la porte, mais personne ne répondait. Alors... je suis entré.


Le jeune garçon ouvrait la porte.

-Mère, père. J'ai eu ma note d'examen hier, est-ce que...

Il figea et s'avançait vers la scène macabre. Les stores étaient fermés, mais les lampes de chevets étaient encore allumées pour montrer la scène comme une œuvre d'art. Sur le lit, il y avait mes membres et des organes sortant de leur corps. Le sang avait arrêté de couler depuis longtemps, mais avaient continué à couler pour rendre les couvertures du lit rouge et le plancher baignant dans le liquide rouge.


-Il... Il y avait les parties de leur corps... éparpillés partout sur le lit. Tout était rouge... C'est comme si on avait arracher leurs bras et jambes avant... avant de...


Le jeune enfant s'approchait de l'œuvre démoniaque construite pour lui. Il voyait une tête séparée de son corps qui avait le visage pétrifié dans une seule position grimacière et de joie folle. Ses cheveux étaient coupés d'une manière qu'un coiffeur pourrait crier de terreur, mais la tête avait encore son maquillage.

«-Mère...? J'ai eu 82% dans l'examen hier, est-ce bien?»


-On leur avait arracher les yeux... tout les deux. Et aussi... les dents.


La tête ne lui répondait pas, alors le jeune enfant montrait la feuille à son père qui avait encore son corps attaché, mais plus rien dedans.

«-Père...? Est-ce bien d'avoir 82% dans un examen de mathématique?»

La bouche sans dent du père ne bougeait pas. Le jeune garçon prît la tête de sa mère dans ses mains.

«-Maman, es-tu fâchée?»


-C'était un travail de boucher... non... C'était comme une scène d'un enfer... Le sang... l-la chair... les yeux...


«-CoMMent çA Un 82%?! ET en MathéMatique en plus!? QuELle hONte!»

«-Vous... vous êtes fâchés?»

«-NOus le sOMMes, dÉCheT. MOI eT tA mÈre,»

«-ESpÈCE de POUrriTure! PiS JE Parie QUE tU t'ES EnDormi À mINUit?!»

«-Non, jamais... jamais.»

«-NoUS neeeee SigNERons p.p.pAS ceTTE FEuillE! MaINTenAnt! V'aTTEnds!»

«-SORT!»

Le jeune garçon lâcha la tête en ne montrant que de l'indifférence et en portant une feuille tachée du sang mêlé. Il prît dans le décore la main de sa mère et avec le sang, il écrit le nom d'elle dans le dos de sa feuille. Ensuite, le jeune garçon ne montrait encore aucune émotion pendant qu'il se préparait pour l'école.


Il reprît ses esprits au point critique de sa panique, il allait délirer.

-C'était... vraiment horrible. Aucun... être humain aurait pu faire... ça.

Il prît une gorgée de la tisane, mais l'effet de la boisson le calma à peine.

Elle voyait bien que Leminer était en train de vivre un grand stress qui était à peine diminué par la tisane qu'elle lui avait préparé. Son histoire sonnait des cloches à Abigaheyl, mais c'était tellement par brides détachées qu'elle savait pertinemment qu'il devait y avoir plus de détails pour qu'elle s'imagine la scène dans sa complexité.

«Certes, ils étaient démembrés, mais était-ce seulement ça? Y avait-il des traces de morsures ou de griffes sur les corps? Ce sont d'après moi des signes qui prouveraient la culpabilité d'un loup-garou. Mais sans ça... Je vois mal un loup-garou être assez délicat dans sa tuerie pour ne pas laisser ses traces inopportunes... Le ou les coupables sont donc... Soit des humains vraiment sadiques... Ou bien un vampire qui voulait s'amuser et gaspiller son snack un peu partout dans la chambre... C'est vraiment louche son histoire... Pratiquement comme mon père... Quoique j'aurais aimé retrouver son corps, ça m'aurait empêcher de perdre un an hors de ma meute, et ainsi de risquer un chaos à mon retour. Je me demande d'ailleurs s'ils vont m'envoyer quelqu'un bientôt pour me rappeler mes obligations... Hi merde!...

Mais bon, pensons au présent, Abi. Est-ce que je dois pousser l'hypothèse des créatures "surnaturels» devant Leminer? Sans m'inclure avec eux... peut-être que je devrais risquer de passer pour une fanatique et de lui dire que je crois qu'il existe... En même temps, d'affirmer comme ça qu'ils existent, il pensera peut-être que je n'en suis pas une puisque j'en parle ouvertement que j'y crois... Okay!»

Leminer était concentré sur les pigeons dehors. Alors pour avoir son attention, Abigaheyl râcla sa gorge brièvement et poursuivit comme cela:

- Alors, crois-tu vraiment que ce ne peut être l'oeuvre d'un être humain? Est-ce métaphorique ou réelle cette affirmation? Si c'est réel, tu penses quoi alors? Un loup-garou? Un manticore? Un vampire?

Après avoir parler, elle se tut en attendant la réaction de Leminer à sa "provocation".

Le docteur soupirait nerveusement, il pouvait à peine garder son calme et sa tasse de tisane était presque finie. Malgré son état confus, il se demandait pourquoi Abigaheyl amenait l'existence des vampires et des loup-garous dans le sujet. Il se rappelait qu'elle avait dit qu'elle avait vu une créature mi-homme et mi-bête qui s'était mît entre elle et le chauffeur armé. Soit que cette créature était un loup-garou qui voulait devenir un Superman ou il avait des comptes à régler avec le chauffeur qui serrait un vampire. De plus, elle avait dit que ses croyances sur les êtres mythiques sont très développés et elle semblait y croire dure comme fer à peu près comme lui.

-Je crois que c'est le travail de quelqu'un de bien humain.

Il déposait sa tasse sur la table basse et se frottait le front pour l'aider à revenir dans le passé. Se rappeler d'un détail, de quelque chose qui lui avait dépassé ou un indice qui pourrait pointer le coupable, mais rien ne lui revient à la tête.

-Les loup-garous et les vampires n'ont rien à faire dans cette histoire...

Son état d'esprit était tellement perturbé qu'il ne savait plus quoi croire ou qui croire. Il se rappela des policiers et des ambulanciers qui scrutaient la maison au complet pour trouver un indice, mais va de rien. Ils avaient scrutés toute la mansion du sous-sol jusqu'au grenier où il était fermé avec un cadenas. Il y avait eu aucune infraction et, par aussi la mémoire de Leminer, aucun signe de lutte était présent sur les corps et dans la chambre. C'est comme si les parents du docteur avait invité quelqu'un pour les tuer.

-Les policiers n'ont rien trouvés pour dire s'ils sont morts dans la maison ou à l'extérieur. C'était...

Il se sentait mal de dire ça.

-C'était comme si ils étaient partis quelque part pour se faire tuer...

Son regard se dirait vers le sol et regardait sa bonne main.

-Je sais que ça va paraître bizarre, mais... je crois qu'il voulait que je deviennes comme ça, en ce moment même.

Il savait bien de Sa cruauté et de Sa loyauté. Peut importe ce qu'Elle ferrait, il La suivrait comme un petit chien. Même à la mort, il ferrait tout ce qu'Elle dirait. Sous la pensée de cette femme, une rage commençait à s'accumuler dans son cœur.

-Je la hais, disait-il sous un souffle.

«Hm... Il n'a pas nié les loups-garous et vampires d'une façon qui dirait qu'il n'y croit pas... Alors, il y croit peut-être.»

-Les policiers n'ont rien trouvés pour dire s'ils sont morts dans la maison ou à l'extérieur. C'était...

Tout en suivant attentivement le récit de Leminer, elle était submergée par les émotions qu'elle sentait émanée de lui. Il y avait tellement de malaise, de culpabilité et de haine. Elle ne comprenait pas d'où ils pouvaient tous venir, mais ce qu'elle savait était qu'elle l'aiderait à les adoucir. Pour elle, ses émotions étaient facilement expulsées lors de ses transformations. Donc, elle ne les accumulaient pas depuis des années. Elle était certes encore en colère pour certains évènements de sa vie... Mais elle pouvait au moins se défouler de temps à autres. Mais enfin, Leminer continua sa phrase après un instant de silence angoissant.

-C'était comme si ils étaient partis quelque part pour se faire tuer...

«Et bien, pour se faire tuer de cette façon, ils n'y ont pas allé de main morte dans le suicide...»

-Je sais que ça va paraître bizarre, mais... je crois qu'il voulait que je deviennes comme ça, en ce moment même.

Abigaheyl n'en croyait pas ses oreilles. «Qu-Qu-QUOI?! Ses parents voulaient qu'il devienne névrosé? Non mais, quels parents dénaturés pourraient faire une chose pareil?» Les sens de la louve étaient programmés pour protéger au péril de sa vie ses petits. Malgré qu'elle n'en avait pas pour le moment, elle jugeait n'importe qui vulnérable comme un petit qu'elle pourrait avoir. En d'autres mots, son instinct maternel était déclenché à tout attachement affectif.

-Je la hais, disait-il sous un souffle.

Un humain normal aurait peut-être eu de la difficulté à comprendre ce qu'il venait de dire, mais, pour Abigaheyl, c'était aussi audible qu'une fanfare dans une église. Il haïssait une femme, mais qui? Elle ne savait pas si elle devait faire comme si elle n'avait pas entendu ou bien continuer sur cette occasion de percer à jour sa hantise.

- Leminer, qui hais-tu? Est-ce que c'est la personne qui te hante?

Il gardait son silence. Un silence qui portait de la suspense et la rage. Abigaheyl semblait intéressée par cette ''personne'', mais de sa part il ne voulait pas La mettre en valeur. Son dernier souhait c'est de l'honorer devant une jeune femme qui ne semblait pas comprendre la gravité de la situation. La mettre sous un projecteur serait de révéler le Diable en personne à tout les gens de la Terre. Mais Abigaheyl était là pour comprendre et lui pour répondre à ces questions. Même si cette femme était la dernière chose qui voulait mettre en sujet, il devait en parler et de ne pas le cacher pour plus longtemps, mais jamais il l'appellera par l'ancien titre qu'il lui donnait.

-Cette personne ne m'a pas arrêter de me suivre depuis...

Il savait que même morte, cette femme était encore vivante. Plus jamais physique, mais bien spirituel pour chasser son âme.

-C'est la même personne qui m'a mît au monde.

Son ton s'était éteint dans le froid. L'idée qu'Elle était mention par la bouche du docteur lui donnait la nausée. Sa voix, ses yeux, ses cheveux et même son halène empestait la cochonnerie et le venin qu'Elle crachait sur son présumé fils. Il n'arrivait pas encore à imaginer qu'il était le fruit de cette pute. Cette femme qui ne faisait rien et qui disparaîssait pendant la nuit avec son chien, laissant le jeune enfant seul pendant la nuit.

-Cette femme... je la haïs... Je la... déteste!

Cette déclaration n'avait jamais levé de ton, mais il y avait de la tension entre chacun de ses syllabes et de ses mots. Son visage montrait très bien une colère noire, un visage très rare chez un être humain, car le visage se déformait par la rage et les yeux perdait leur douceur et leur indifférence. Le docteur avait l'image de cette femme dans son esprit et il ne pouvait pas la déchirer en millions de morceaux, car cette image est imprégnée dans sa conscience pour sa vie jusqu'à sa mort. Cette femme ne pouvait jamais mourir, même si son corps est éparpillée aux quatre coins du monde. C'était comme ça que le docteur la niait et la détestait jusqu'à ce jour.

La transformation du visage de Leminer était hallucinante... pour un humain. Dès la mention de sa question, il s'était métamorphosé. Son aura était pareil comme lorsque le jeune délinquant l'avait rassis par les épaules au bar, mais cette fois-ci, elle était doublement sinon triplement plus imposante. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que si cet homme avait été un loup, il aurait été très impressionnant et féroce une fois transformé.

-Cette personne ne m'a pas arrêter de me suivre depuis... C'est la même personne qui m'a mît au monde.

«Alors, c'était bien sa mère?! Mais comment est-ce possible? J'ai l'impression qu'il ne sera jamais libre à moins qu'il puisse l'ignorer et oublier... Ce doit être impossible...»

-Cette femme... je la haïs... Je la... déteste!

Une idée vint à l'esprit d'Abigaheyl.

- Est-ce pour ça que tu n'aimes pas être approché par des personnes. Particulièrement des femmes?

Elle prit un instant pour continuer comme indécise entre deux options. Elle n'avait jamais vraiment eu à faire affaire avec des personnes qui n'aiment pas être proches des autres à l'exception près de quelques animaux sauvages qui se soumissaient à la longue à sa persévérance, mais elle doutait que la même magie pourrait opérer avec des animaux aussi têtus que les humains.

- Pourquoi m'as-tu offert de venir chez toi si tu as si peur que je te touche? Tu sais que j'ai dû t'approcher pour te soigner. Étais-tu conscient dans ces moments? Comment as-tu surmonté ma présence?

- Est-ce pour ça que tu n'aimes pas être approché par des personnes. Particulièrement des femmes?

Il ne répondait pas à sa question. Il était dans son monde, sa propre conscience. Prisonnier, il ne pouvait pas sortir de cette prison qu'il sait créer pour lui-même. La femme était devant lui, elle souriait avec toutes ses dents. Elle n'avait pas de culot de se montrer devant lui en l'intimidant et en se dévoilant. Mais elle n'était pas là dans la réalité, elle n'était qu'un fantôme, mais un fantôme qui ne lâcherait jamais prise sur son jouet qu'elle torturait et qu'elle riait de son impuissance envers elle. Elle n'avait jamais voulu le laisser et n'a jamais voulu l'abandonner, elle voulait rester pour toute l'éternité dans sa pensée, pour ne plus jamais mourir.

- Pourquoi m'as-tu offert de venir chez toi si tu as si peur que je te touche? Tu sais que j'ai dû t'approcher pour te soigner. Étais-tu conscient dans ces moments? Comment as-tu surmonté ma présence?

Le fantôme souriait au docteur avec des dents qui semblaient être toute lacérées et aiguisées comme ceux d'un loup-garou pendant une pleine lune. Mais le docteur ne faisait rien. Il ne fait que lever les yeux vers les pigeons qui chantaient sur le balcon.

-Quand tu m'aides, je ne les vois pas. Je ne me rappelles pas quand tu m'as amené ici ou quand tu m'as guérie.

Il fît un signe de vie en tournant sa tête vers Abigaheyl, ses yeux encore noyer dans la rage qui contenait et ne voulait pas libérer.

-Et pour ta question pour surmonté la présence, c'est facile.

Il pointa avec son doigt son bras, suivit de sa tête et finalement la tasse de tisane.

-Tu m'as sauvé la vie et tu m'aides. Je veux te repayer même si c'est dure pour moi, car il est possible de ma part de me guérir de ce problème et je dois faire ma part.

Il ne pouvait plus rien cacher, il était trop franc, même beaucoup trop, mais pourquoi devrait-il cacher la vérité de ses intentions? Peut-être Abigaheyl le prendra mal, peut-être qu'elle va se fâcher pour se sentir comme un objet et non comme une personne, mais à ce point Leminer ne pensait plus droit. La rage avait consumé ses réflexions et sa morale. Un seul mot pourrait tourner au pire, une provocation pourrait le rendre fou de rage et incontrôlable, mais comment... Mais au grand comment, réagirait-il si il revient à son esprit normal. Il mourrait, il mourrait de honte et de rage.

- Okay, donc ton tremblement vient de ma présence, ton mal de tête aussi d'ailleurs. Mais qu'est-ce qu'il arriverait si tu ne te restrains pas? Présentement, Leminer, je la vois ta rage. Et tu sais quoi? Je n'en ai même pas peur. En fait, étrangement, je voudrais la voir sortir, parce que pour l'instant, je la vois comme un abcès qui doit être crever. Ce qui me dérange, c'est de te voir la retenir à l'intérieur. Bordel, fais la sortir! T'es pas une machine qui peut t'empêcher de délivrer ses émotions les plus orageuses. T'as pas à vivre avec un mal de bloc et des tremblements comme si tu avais la maladie du Parkinson! Et ne t'inquiète pas. J'ai déjà affronté des animaux plus dangereux que toi. Donc, que dois-je faire pour te faire exploser?

Elle disa tout cela d'un trait en fixant Leminer dans les yeux. Elle était prête. Elle voulait le provoquer, le faire enrager, le libérer.

«MaIs Qui esT-Elle dE Te PARler coMMe ça?! HehEHehe... OuBLie-La.»

Le docteur n'écoutait pas la voix au loin, mais celle d'Abigaheyl. C'était la première fois qu'une autre femme le provoquait autant que le Diable.

-Comment veux-tu que je le fasses, Abigaheyl. Comment tu peux libérer une rage qui est à l'intérieur de toi depuis si longtemps? Et si je l'a libère, que penses-tu qui va arriver? Je ne veux pas te faire du mal et je ne veux pas regretté...

Avant même que le docteur puisse finir, le jeune femme lui fît quelque chose qu'il ne pensait qu'elle n'allait faire.

Elle était si excitée à la venue d'une rage si profonde qu'elle avait de la difficulté à peser le pour et le contre de ses actions possibles. C'était comme le sentiment de marrainer un jeune loup à son appel.

«Mais qu'est-ce qui déclencherait le petit interrupteur dans la tête de Leminer pour qu'il se déchaine? Par le toucher ou bien les paroles?... Qu'est-ce qui serait le mieux, aller de manière brutale ou affective?...»

Alors, d'un coup de tête, elle décida d'y aller de façon brutalement affective par le toucher. Elle sauta sur lui de l'autre côté du divan et le serra dans ses bras de manière à ce qu'il ait la tête sur son coeur, bien à elle, afin qu'il y entende le doux son régulier et lent de celui-ci.

Il lui sembla figé pour un instant. Elle attendait donc qu'il réagisse. Il faut rappeler que, pour elle, Leminer n'était pas plus qu'un chat farouche qui peut griffer, mordre, mais que dans le fond, ceci ne lui ferait rien d bien grave, et un moment donné, il se calmerait.

«HEHeHehehe... QuE C'est MIgnon!»

Le docteur n'avait pas vu la jeune femme faire un saut si surprenant, en a peine quelques secondes juste il avait la tête retenue par la jeune femme devant son cœur. Le docteur restait silencieux pendant quelque fragments de secondes, avant de comprendre complètement qu'est qui lui arrivait.

Il paniquait. Pas seulement une panique de peur, mais de goût pour s'échapper de l'emprise. Il y réussit, mais la jeune femme le captura en en roulant ses bras autour de son corps.

-Lâche moi!

L'homme avait beaucoup essayer de se libérer, mais la jeune femme ne voulait pas le lâcher. Sa rage ne faisait que devenir incontrôlable et il atteignît le point critique comme au bar. Sa raison et sa conscience complètement couvert de brouillard et de noirceur, la rage fût la seule chose qui l'animait.

-LÂCHE MOI!

Il se leva du sofa, obligeant la jeune femme de le suivre. La table basse bascula et la tasse se brisa quand elle se tomba au sol, mais le docteur s'en fichait. Il poussa Abigaheyl vers un mur, mais la jeune femme eu le temps de le lâcher et se laisser lui-même endommager à l'impact. Il regardait la jeune femme avec un regard noir et se choqua la tête pour remettre sa vision en bonne état.

-Je t'avais dit... mais tu ne m'as pas écouté!

Il fonçais vers la jeune femme en essayant de l'attaquer avec son bon bras, mais la femme ne fait qu'esquiver facilement le coup. Il était aussi intelligent qu'un taureau enragé.

-Pourquoi? Pourquoi elles ne veulent pas arrêter... Elles sont tous pareilles! Toutes! TOUTES!

Sa rage consumait son esprit de plus en plus, ne laissant qu'une bête prendre place à sa conscience humaine. Il essaya encore et encore d'attaquer Abigaheyl, mais il n'arriva jamais à la toucher, même pas à l'égratigner ou la frôler. Le docteur hurlait, criait, rugissait comme un lion ou un chien enragé. À un moment donné, il frappa un mûr et fît un trou qui apparu sur le point d'impact avec une infime ligne de sang dans le centre. L'étrange combat devait duré pendant plusieurs minutes, car le docteur oublia le temps dans sa folie rageuse. Finalement, ses forces l'abandonnèrent, il tomba à genoux complètement vider de son énergie. Il respirait à grandes inspirations et avaient les yeux rivés aux sols. Sa conscience lui revenait peu à peu et vît les dégâts qu'il avait fait. La table basse était sur le côté, la tasse était cassée, la plante avait basculé et le trou dans le mur montrait la force qu'il avait employé.

-C'est... c'est moi qui est fait tout ça?

Il était légèrement effrayé de ces dégâts qu'il avait fait par lui-même. Toutes ses formes avaient été imprégné dans les objets de son appartement. Pendant qu'il reprît son souffle, il sentait une grande légèreté dans son cœur. Il n'avait plus l'impression que la femme le regardait et avait les idées plus clairs qu'avant. Il semblait être... guérit.

Et voilà, elle sentait le chaton enragé se réveiller contre elle. Il commençait même à hurler, une capacité qui n'avait encore jamais démontré à l'exception de l'incident dans la chambre un peu plus tôt. Elle était heureuse d'avoir enclenché la roue qui faisait sortir Leminer de ses gonds. Une fois terminé, il pourrait enfin se sentir mieux et libérer.

Une fois debout, dans l'intention de plaquer Abigaheyl au mur, il s'élança vers le mur pour la coincer entre lui et la surface plate plus ou moins solide. Évidemment, Abigaheyl vit le coup venir d'avance et lâcha sa prise avant l'impact, ce qui provoqua encore plus la colère de l'homme. Il donna un coup après l'autre dans l'espoir de fracasser son poing sur la jeune femme, mais à chaque coup, elle esquiva comme si de rien n'était. Elle gardait un visage neutre malgré la joie qui s'épanouissait en elle. Et puis, après quelques minutes, Leminer perdit ses forces et tomba à genoux.

-C'est... c'est moi qui est fait tout ça?


«Et bien, c'est qu'il doit se sentir bien à présent. Tout le contraire de la rage inassouvie du bar. Bon, je crois que quelques petits ajustements de pansements s'imposent.»

-Et oui, c'est toi. Si tu avais sorti cette colère plus tôt, il te resterait peut-être un peu plus de choses intactes dans l'appartement, disa-t-elle en riant. Est-ce que tu te sens mieux au moins? Si oui, va prendre un bain ou une douche, repose-toi. Et ensuite, je crois que... si tu veux, je te referai tes bandages et peut-être quelques nouveaux.

En finissant sa phrase, elle esquissa un sourire de compassion en regardant la main ensanglantée de Leminer qui auparavant ne faisait que trembler.

-Hunh? Des ban...

Il hissa en bougeant sa bonne main et la voyait légèrement ensanglantée.

-Hé, merde...

Il soupira en voyant sa bonne main était en un état plus ou moins grave que son épaule. Il se grattait le derrière de la nuque en regardant une dernière fois les dégâts qu'il avait causé. Il ne se rappelait plus de ce qu'il avait fait et surtout pourquoi. La rage l'avait rendu fou, mais la légèreté de son âme était aussi lourde que de l'air. C'était une étrange thérapie qui l'avait peut-être sauvé.

-Je prendrais sans problème une douche, j'ai comme l'impression qu'on j'ai couru un marathon.

Il se releva lentement et marcha vers la salle de bain où il se préparait à prendre sa douche. Il suait comme un chien et son visage avait réellement besoin d'un peu d'eau chaude. Il sortît les deux serviettes qui lui sont prédestinés dans un coin caché de la salle de bain et commençait à se déshabiller. Il finît sa douche après quelque minutes, l'eau chaude l'avait revitalisé et son bras qui croyait mort à cause de la déconnexion de son épaule, avait pu encore sentir l'eau chaude sur son bras mort. Après qu'il sortît de la douche, il s'essuya sans laisser ses cheveux trop mouillés, remît ses vêtements et remît son bras dans l'écharpe. Il sortît plus calme et en meilleur état mentale qu'il y avait il y a quelque minutes. Il regardait un peu dans le salon et se demandait si Abigaheyl était encore dans cette pièce ou une autre.

Lorsque Leminer quitta la pièce pour aller vers la salle de bain, Abigaheyl remit la table en place et chercha ensuite pour un ballet. Dans le garde-robe d'entrée, elle en trouva un et alla ensuite nettoyer les dégâts de la tasse cassée. Voyant la tache de sang à l'endroit où le poing de Leminer avait déformé le mur, elle partit vers la lavabo et y prit un chiffon qu'elle humidifia avec un petit jet d'eau. Toujours dans son intention de ramasser un peu les lieux du "carnage", elle nettoya à l'aide du chiffon la tache de sang imprègnée sur le mur.

Pensant aux blessures de Leminer, elle entra sans permission dans la chambre de celui-ci et y prit la trousse toujours oubliée dans la pièce. Puis, elle la déposa sur la table basse du salon. Les détails enfin réglés, elle sortit sur le balcon, histoire de voir les lieux de son point de vue actuel.

Le balcon n'était pas si grand. En fait, il était juste assez pour sortir ton corps à l'extérieur, mais encore la porte de patio devait rester ouverte ou bien il y avait des risques de basculer de la barrière de sécurité. Les rues étaient étroites, mais bon, c'était pareil partout dans Londres, donc rien de bien surprenant. Ce qu'Abigaheyl aimait bien devait être le calme qui se trouvait dans cette petite rue qui était sous ses pieds. Les pigeons étaient restés là sur la barrière même après qu'elle ait ouvert la porte. Ils n'étaient pas le moindre du monde méfiants. Pour s'amuser, elle laissa ses yeux devenir légèrement dorés et puis la seconde qu'elle le fit, les oiseaux s'envolèrent. À quelques mètres d'elle, elle entendait Leminer finir de prendre sa douche. Elle continua alors d'observer et de prendre de l'air frais, en tout cas, de ce qu'il pouvait être frais. Le vent commençait à se lever et caressa le visage d'Abigaheyl pour se perdre ensuite dans ses vagues pourpres.

Leminer sortit finalement de la salle de bain. Le nez de la jeune femme lui picota un peu à l'odeur de savon de l'homme. «Au moins, ce n'est pas si pire. Même parfumé, le savon n'est pas si fort une fois rincé.» Elle remarqua alors que le soleil prenait une teinte plus orangé et rougeâtre. La soirée arrivait. Elle se disa alors qu'elle devrait peut-être sortir ce soir avant qu'il ne soit trop tard, histoire de recommencer une garde-robe et peut-être même pour trouver un emploi, qui sait.

Le docteur voyait sa table et les dégâts disparus. Abigaheyl a dû remettre l'ordre dans le carnage et nettoyé un peu les dégâts. Il se sentait idiot d'avoir fait cette bagarre surprenant et inutile, mais défoulant son esprit. Il pouvait conclure qu'il avait besoin d'urgence d'un entraînement intensive aux Catacombes s'il n'a pas pu toucher une seule fois Abigaheyl, ainsi que la jeune femme semblait bien se battre ou bien c'était lui qui était trop prévisible. Malgré sa rage dissipée, il savait qu'elle reviendrait et en renfort cette fois s'y. Une fois évacuée, la colère reviendra toujours plus forte et quand elle ne revenait plus, c'est le regret et la haine qui prend sa place.

Il soupira, il devait ressembler à ses loup-garous qui perdent complètement le contrôle et qui attaquent tout ce qui bougent dans un périmètre de dix mètres ou plus.

Pendant sa réflexion, il voyait les feuilles de la plante verte légèrement bougée. Il regardait vers son balcon pour voir la jeune femme regardée le soleil couchant. Le vent faisait dansé ses cheveux dans un mouvement paisible des vagues. C'était très difficile à expliquer pour Leminer, mais cette apparence sereine lui rappelait la femme qui détestait tant. Pendant son enfance, il pouvait parfois voir la femme cruelle portant des traits de repos et de joie. C'était très rare de voir un sourire venant de la femme qui appelait «mère», mais pour une raison qui ne faisait aucun sens, Abigaheyl avait la même aura que cette femme. Déterminer, n'ayant pas peur des opinions des autres, tête dure et une combattante hors paire.

Il relaxa ses muscles faciales et souriait à sa réflexion en marmonnant quelque chose. Dans un silence que seule les Inquisiteurs connaissaient pendant les moments de chasses, il s'approchait d'Abigaheyl et s'arrêta à sa limite.

-Abigaheyl.

La jeune femme aux cheveux roux se tourna vers le docteur.

-Merci.

C'était seulement un mot, mais le docteur savait que ce mot portait plusieurs significations. En temps que psychiatre pendant le jour, c'est les proches d'un patient qui lui tendait la main et le remerciait. Avant pendant ses huit ans de chasse, un camarade qui était considéré comme une machine à tuer lui dirait ce mot pour l'avoir sauvé et en réveillant au blessé un peu de son humanité. Maintenant, c'est lui qui remerciait Abigaheyl de l'avoir sauvé une deuxième fois.

Elle l'entendit s'approcher presque furtivement derrière elle. Dans le cadre de la porte-patio, il s'arrêta et dit dans l'intention d'avoir l'attention de la louve.

-Abigaheyl.


Elle se retourna donc vers le docteur. Elle y voyait un homme paisible et reconnaissant. Ses yeux étaient détendus; ses lèvres n'affichaient pas un rictus de haine ou nervosité; et puis le reste de son corps était comme désintoxiqué.

-Merci.

Ce fut le mot qu'il dit lourd de sens pour lui. Elle lui sourit tendrement et osa lui tapoter l'épaule, encore utilisable, pour d'une part lui démontrer qu'elle comprenait sa gratitude et d'une autre pour lui dire qu'elle continuerait à s'approcher de lui pour l'habituer au contact et relation interpersonnelle. Elle voulait lui dire qu'elle serait là pour l'affronter quand il aurait un prochain élan de rage. Parce qu'elle n'était pas dupe. Le problème était résolu, mais que temporairement. La source était toujours dans la tête de Leminer. Ses parents, sa mère surtout.

- Ça m'a fait plaisir, Leminer. Alors, partant pour une soirée de shopping? dit-elle en riant. Comme tu dois t'en souvenir, ma robe d'hier n'est plus vraiment utilisable, ni le trenchcoat d'ailleurs. Donc, je viens de décider que je m'en vais m'acheter du linges avant qu'il ne soit trop tard. C'était une vraie chance hier d'être tomber sur ce magasin, ça ne risque pas de m'arriver deux fois. Alors, tu viens?

Elle vit la mine de Leminer chuter très rapidement. Le shopping ne risquait pas de le tenter avant un bon moment. Elle se faufila alors entre Leminer et le cadre de porte afin d'entrer dans l'appart chercher sa sacoche et mettre des bottes. Avant de quitter le logement, elle se tourna vers Leminer en souriant.

- Bon, j'y vais sans toi dans ce cas. Je vais essayer de te trouver une surprise en revenant. Qu'aimerais-tu? Une sucrerie? Un magazine? Des croustilles?

Elle lui mît sa main sur son épaule encore utilisable, le toucher le raidît un peu, mais n'était pas en comparaison avec le toucher d'un parfait inconnu. Il y avait beaucoup de chose que le docteur aimerait savoir de la femme, mais l'atmosphère était trop tranquille et agréable pour que le docteur puisse la briser avec son problème, même si elle était grave. Il n'était pas dupe non plus, il savait qu'elle avait une bonne raison pour ce geste et il était purement amicale.

- Ça m'a fait plaisir, Leminer. Alors, partant pour
une soirée de shopping? dit-elle en riant. Comme tu dois t'en souvenir,
ma robe d'hier n'est plus vraiment utilisable, ni le trenchcoat
d'ailleurs. Donc, je viens de décider que je m'en vais m'acheter du
linges avant qu'il ne soit trop tard. C'était une vraie chance hier
d'être tomber sur ce magasin, ça ne risque pas de m'arriver deux fois.
Alors, tu viens?

Son visage démontrait la crainte et un de ses cils bougeaient en réaction du stresse. Du shopping, encore, avec un magasin remplient de femmes inconnues? Elle voulait sa mort ou quoi?! Heureusement la jeune femme voyait le malaise de l'homme et elle comprenait qu'il ne voulait pas la suivre dans des endroits de la sorte, se saurait trop pour son esprit.

- Bon, j'y vais sans toi dans ce cas. Je vais
essayer de te trouver une surprise en revenant. Qu'aimerais-tu? Une
sucrerie? Un magazine? Des croustilles?

-Pas besoin, j'ai tout le nécessaire ici. Fait tes achats et... fait attention aux taxis.

Il essaye d'être drôle, mais la jeune femme lui avait claquer la porte devant son nez quand il finissait sa phrase. Il avait un déjà vu.

Après quelque minutes, le docteur regagnait son regard froid et sérieux. Il alla dans son manteau et prît son cellulaire. Il appuya quelque boutons avant qu'un écran étrange et qui ne venait pas d'une des options de bases du forfait.

«-Identification.»

-Docteur Leminer Christ-Lloyd.

Le cellulaire commençait à analyser l'extrait de sa voix et un menu apparu sur l'écran.

«VOUS AVEZ 1 NOUVEAU MESSAGE.»

Le docteur ouvrait le message électrique pour lire un message venu d'une des infirmière de l'Inquisition.

«Rendez-vous avec Alexandre Everlange, nouveau membre à 23:15»

-Super... un autre fou pour que je fasse un diagnostique psychologique. Youhou...

Il fermait son cellulaire et alla dans sa chambre. Après avoir ouvrir sa garde-robe, il touchait une partie du mûr et quand il appuya, une petite porte secrète, s'ouvra et il y sortît une bombe déodorante. La bombe avait l'aire bien normale, mais celui qui l'applique sera indétectable par l'odorat d'un loup-garou ou d'un vampire. Le seul hic était que le produit puait à en mourir, mais son odeur et celle du produit se dissipèrent en quelques secondes. Il prît une respiration, la retient et s'aspergea avec le produit chimique tout en fermant des yeux.

-POUA! Je déteste me mettre ce truc sur moi, mais bon je préfère ça à la morsure d'un loup-garou.

Il remît le produit anti-traqueur dans la cachette et y sortit ses mini-explosifs, incluant de mini-bombe aveuglante et puante. Il ne pouvait pas pousser sa chance de se faire encore attaquer une deuxième fois par un loup-garou ou un vampire. Il devait être beaucoup plus prudent à l'avenir.

Il cacha le restant des objets secrets dans la cachette et la referma, remettant tous les obstacles vestimentaires pour semblaient d'être un garde-robe normal.

Avant de partir, le docteur prît une feuille de papier et un crayon, laissant une note à Abigaheyl quand elle reviendra à l'appartement.

«URGENCE AU TRAVAIL, JE REVIENDRAI TARD. BONNE NUIT.
SIGNÉ, LEMINER.»

Sur ce dernier avertissement, il cacha les bombes dans ses poches de pantalons et amena son essentiel, ainsi que de changer ses lentilles jetables pour sa monture habituelle de lunettes. Il se sentait mal de mentir à Abigaheyl, mais il devait le faire pour sa sécurité et celle de toute l'Inquisition. Il partît de l'appartement en direction des Catacombes.

(Arrivé avec Abigaheyl)

Le taxi mena Abigaheyl et Benjamin à Notting Hill, une partie de la ville jusqu'alors inconnue de ce dernier. Le quartier semblait bien nanti, et l'appartement où Abigaheyl arrêta le chauffeur encore plus. Tandis qu'elle payait la note (le garçon n'avait pas proposé de le faire, ses économies étaient déjà limitées. Toutefois, il se promit de se racheter plus tard) il haussa un sourcil appréciateur devant le bâtiment sobre et élégant qui élevait ses trois étages carrés à l'assaut du ciel bleu marine. Momentanément distrait, ce fut l'odeur de fleur musquée de son guide qui le ramena à la réalité : la chevelure flamboyante de l'Irlandaise voletait déjà au milieu du couloir, avec l'intention manifeste d'appeler l'ascenseur. À peine gêné par le poids de ses bagages, le lycan pressa le pas pour la rejoindre et se glissa dans la cabine chromé qu'elle retenait distraitement, l'air plongée dans ses pensées. Aussitôt les portes closes, elle prit la parole :

-Préfères-tu dormir dans le salon ou bien dans ma chambre? J'habite avec quelqu'un, au cas où j'avais oublié de te le dire...

En effet, c'était une information (une autre) qu'il ignorait. L'Alpha avait donc un colocataire. Il ne vint pas à l'esprit de Benjamin que le contraire eut été plus logique : pour lui, Abigaheyl ne pouvait qu'être la «principale» propriétaire des lieux, tant elle semblait à l'aise partout où elle entrait. Lui-même commençait à se sentir plus calme et en confiance à ses côtés. Il répondit donc naturellement :

-Un sofa m'ira très bien, vous dérangez pas. Je suis même prêt à endurer le sol quelques jours, s'il y a du tapis. Après tout, je débarque à l'improviste. Vous êtes sûre que votre coloc acceptera ma présence?

La cloche artificielle de l'élévateur annonça le troisième étage, et il suivit la jeune femme vers la porte 307. Mais à peine eut-il franchit le seuil qu'il sursauta et porta une main à son nez, lâchant au passage un sac qui s'écrasa dans un bruit de tissus et de fermeture éclair. Une fois de plus, son odorat faisait des siennes, absorbant plus d'odeurs qu'il ne pouvait en supporter, tentant de brosser le tableau de son nouvel environnement sans que Benjamin soit vraiment apte à le faire. D'abord, une marque olfactive étrangère était omniprésente, probablement celle de l'occupant. La cigarette aussi flottait dans l'air, sans pour autant lui donner mal à la tête comme c'était souvent le cas chez les gros fumeurs. Venait ensuite des effluves de cuisine, de linge et de sueur, ainsi qu'une foule d'autres petites choses comme on en trouve à différents degrés dans toutes les habitations. Même le parfum d'Abigaheyl, auquel il s'habituait pourtant, contribua à lui donner le tournis, mais c'était surtout la brusquerie avec laquelle son flair avait prit la place de tous ses autres sens qui le fit vaciller sur ses jambes.

-Désolé, s'excusa-t-il avec un sourire, les odeurs... vous savez.

Pendant qu'Abigaheyl investissait naturellement les lieux, l'adolescent reprit son souffle à petites bouffées en examinant l'appartement où ils avaient débarqués : c'était assez spacieux, composé d'une cuisine, d'un salon, évidemment d'une salle de bain, et d'un petit couloir, qui devait mener aux chambres puisque que son guide s'y dirigeait déjà à grandes enjambées. Entendant le chuintement d'une fenêtre qu'on ouvre, Benjamin considéra que c'était là la meilleure solution pour ne pas mourir étouffé et fit de même pour les grandes portes vitrées situées derrière la télé. Un courant frais s'engouffra immédiatement dans la pièce en balayant son visage, chassant momentanément les odeurs qui avaient pris d'assaut ses narines quelques instants plus tôt. Voilà qui était mieux.

Les yeux brûlants de fatigue, Benjamin entreprit de frotter vigoureusement ses paupières afin d'éclaircir ses idées encore quelques minutes. Quelle heure était-il? Un coup d'oeil aux chiffres lumineux de la cuisinière le renseigna, bien que l'information peina à atteindre son cerveau : deux heures du matin. Le temps passait-il plus vite ou plus lentement? Compte tenu des différents événements, cela semblait très rapide, mais il ne s'était pourtant pas passé grand'chose... non? L'esprit embrumé, le jeune lycan organisait difficilement ses idées. Le premier contact sur Oxford Street... la rencontre dans la ruelle du bistro... le Regent... et maintenant, leur arrivée dans cet appartement qui empestait il ne s'avait quoi. Et tout ça les avaient menés à deux heures du mat'? Il se laissa tomber sur le sofa, pour récupérer et se répéter une nouvelle fois qu'il ne rêvait pas, tandis que sa tête chavirait lentement entre le bras et le dossier. Il était seul, en pays étranger, dans un domicile inconnu et accompagné d'une femme qu'il connaissait à peine. Abigaheyl. C'était avec elle que tout avait commencé. Elle faisait bouger les choses autant que les gens. Déjà, Benjamin sentait quelque chose remuer en lui, comme un animal qui s'étire après l'éveil. En fait, il savait ce que c'était. Le Loup, l'autre partie de lui-même qui n'aurait pas dû se manifester avant au moins trois jours. Mais il s'enlisait tellement dans un sommeil comateux que ce détail (qui ne manquait pourtant jamais de l'affoler) ne réussit même pas à le faire réagir.

Il ferma les yeux. Plus de son. Plus d'image.

Assise sur le lit, son odorat se calma peu à peu, mais un souvenir vint frapper Abigaheyl en plein visage. Elle avait déjà senti une pareille odeur. Évidemment, elle ne venait pas d'une moufette qu'elle avait rencontré dans les bois, mais plutôt de quelque chose plus... civilisée. Mais quoi exactement? Il lui semblait que cela ne faisait même pas un an qu'elle avait senti ce truc immonde.

Toujours en essayant de se rappeler, elle remarqua que le jeune loup ne l'avait pas suivi. Elle s'aventura en dehors de sa chambre et le vit dans un état comateux sur le sofa du salon. Elle était en train de se diriger vers lui lorsque son passage fit s'envoler un morceau de papier. Elle le ramassa sur le sol et le lit. *Oh! Il est parti travaillé. Voilà pourquoi je ne sentais pas sa présence! Ah... à toutes réfléxions faites, j'ai l'impression que je ne l'aurais pas senti, olfactivement parlant, de toute façon. Il est écrit tard... mais c'est vraiment tard son truc! Il est plus de deux heures du matin!*

Elle mit la note au recyclage, puis se dirigea vers Benjamin. Elle vint à la conclusion qu'il s'était endormi... déjà. Point amusant, sa mine endormie trahissait ses grands airs matures de lorsqu'elle l'avait rencontré devant les toilettes du restaurant. Utilisant un peu de son empathie naturelle, elle devinait bien que c'était beaucoup à encaisser pour lui. Elle eut envi de le border sur le sofa, mais une clochette sonna dans sa tête. *Que va penser Leminer en arrivant chez lui et en trouvant un adolescent endormi sur son sofa...?* Elle n'avait aucune intention de lui causer une crise cardiaque. Elle tenta de réveiller Benjamin en lui secouant un peu l'épaule. S'il était trop profondément endormi, elle devrait le transporter jusqu'à sa chambre. Et cela l’emmerdait un peu. Son rôle d'alpha lui venait instinctivement à l'esprit lorsqu'elle traitait avec d'autres loups-garous.

-Benjamin, tu ne peux pas dormir là.

Benjamin gravitait à la limite de la réalité. Ou du moins en avait-il l'impression. Il était à ce stade nébuleux où notre environnement n'est plus qu'un souvenir et nos pensées un flot constant, tandis que nous ressentons notre sang circuler dans toutes les veines de notre corps. Cet état, dans lequel la plupart des inhibitions tombent, laisse s'exprimer notre véritable personnalité, qu'on le veuille ou non... comme en ce moment.

Tout lui semblait si loin. Ses perceptions étaient troubles, beaucoup de morceaux manquaient au puzzle de son raisonnement, l'empêchant de se sentir totalement détendu et en sécurité. Le jeune homme tenta de secouer sa tête, mais ne parvint qu'à la faire osciller mollement, ajoutant à l'engourdissement qui avait pris possession de lui. D'instinct, il essaya de s'accrocher à quelque chose de tangible, ou au moin de l'égratigner, histoire de se rassurer, mais ses doigts ne firent que s'agiter convulsivement sur le bras du sofa, ripant dessus sans offrir l'ancre espérée. Il plongeait sans pouvoir s'arrêter.

Une fausse note vint pourtant briser la houle répétitive du coma dans lequel baignait le lycan : plus un sentiment qu'une véritable présence extérieure, cela s'installa en lui, d'abord dans son ventre, puis envahit insidieusement quelques muscles, les obligeant à se contracter comme pour en évaluer les possibilités. L'examen dû être concluant puisque Benjamin sentit ensuite cette deuxième conscience se lover sous sa peau. Trop endormi pour comprendre se qui se passait, il laissa l'entité symbiotique se fondre de plus en plus dans son corps en lui communiquant d'étranges sensations. Puanteur... nervosité... urgence... Oui, c'était cela, tout son être s'apprêtait à réagir pour une raison que l'adolescent n'arrivait pas à saisir. Était-il en danger? Le vague souvenir d'un chamboulement mit de l'huile sur le feu, et il se crispa. «Qu'est-ce qu'il y a?» pensa-t-il finalement.

«Partir. Problème. »
-Q-quoi?
-Inconnu. Étranger. Pas bon.

Quelqu'un (ou quelque chose) répondait dans son esprit, il ne s'expliquait pas comment. Cela ne s'exprimait pas avec des mots, mais l'étudiant comprenait aussi sûrement que s'il s'était parlé à lui-même. La surprise causée par cette constatation fit légèrement tressaillir la commissure de ses lèvres, loin de cette conversation de schizophrène. Dans le salon de l'appartement, derrière ses paupières, ses yeux bleutés commencèrent à s'agiter, pendant que la seconde entité, dans son déchaînement croissant, déchirait un à un les voiles de l'inconsciences qui obscurcissaient l'esprit de son hôte, tout en continuant de le pousser à l'action.

«Quelqu'un! Un Autre! Une Autre! Forte! Agir! ATTAQUE! »

Le regard brusquement alerte, le lycan se lança en avant, crocs découverts, mâchoires prêtes à mordre, ses doigts recourbés à la manière de griffes sur les accoudoirs. En un seul élan de survie rageur, Benjamin évacuait à la fois la peur, l'engourdissement et le sentiment d'impuissance qui l'envahissaient depuis que les choses avaient commencé à déraper. Heureusement, une poigne ferme le bloqua au niveau des épaules et ses dents claquèrent à quelques centimètres du visage d'Abigaheyl, qu'il dévisageait tout à coup de ses yeux entièrement bleus.