Bocca Di Lupo (Pv reservé Polly)

La journée amorçait sa fin quand Vincenzo décida d'aller se préparer pour le souper avec Polly. Outre appeller son ami pour s'assurer que tous les préparatifs soient en ordre, Vincenzo avait passé son après midi à lire son livre préféré, une oeuvre littéraire de Thomas Harris, Hannibal, tout en sirotant une bonne coupe de Chianti. Il décida que le mieux serait de commencer par une bonne douche chaude. Avant de quitter le salon, il mit un de ses record préféré dans le tourne disque qu'il gardait près de la télévision. Lorsque l'aiguille commença à jouer la mélodie engravée sur le disque en vynil, l'Aria de Goldberg se répandit dans l'appartement.

Vincenzo alla à la salle de bain et se dévêti avant d'entrer dans la douche. Il était content. Son bras ne lui faisait presque plus mal quand il le bougeait et il put défaire l'écharpe.

Ses pensées étaient dirigées purement vers la soirée. Il se demandait ce qu'allait porter Polly et il esperait qu'elle allait aimer la soirée.

Vincenzo sortit de la douche et alla droit a la chambre ou il commença le long processus de sélection d'habit. Il était certes facile de juste prendre la première chemise qu'il voyait et de jumeler cela a son manteau, mais il voulait faire différent aujourd'hui. En fouillant parmi ses affaires, il retrouva un habit qu'il n'avait pas vu depuis sa tendre enfance. Devant lui reposait une chemise blanche , un gilet noir et une cravate à nouer rouge foncé. Accroché derrière dans son garde-robe, se trouve un Trenchcoat et un fedora a larges rebords de la même couleur que la cravate. C'était l'habit de son père, Francesco Altobello. Vincenzo le gardait en son honneur. Il décida que ce serait bien de le sortir de son garde-robe et le faire valoir une fois de plus.


Vincenzo enfila l'habit et se regarda dans le miroir. Il avait le même physique que son père et cela se voyait. L'habit était certes un peu démodé, mais il plaisait à Vince.


Prenant dans ses poches ses clés et 3 couteaux, il sortit de son appartement et se dirigea au 12 rue Archer. Bocca Di Lupo. Paulie lui avait promis la meilleure table en ville. Vincenzo esperait pour lui qu'il dise vrai. Il était un homme de confiance et avait assuré Vincenzo que personne ne remarquerait son amie...

«Je sors.»

Ce fut sa première pensée cohérente lorsqu'elle ouvrit les yeux ce soir-là. S'étirant consciencieusement, la jeune inquisitrice se retourna d'un même mouvement pour jeter un coup d'oeil à son petit cadran : six heures.

«QUOI!?»

Seconde pensée, qu'elle répéta à voix haute pour mieux se réveiller avant de jaillir de sous la couette. Direction la douche. Cavalant à travers les Catacombes en pyjama et armée de sa trousse de toilette, elle croisa entre temps une inquisitrice aux yeux d'un bleu saisissant, une certaine Rain se rappelait-t-elle. La saluant de la tête, elle entra dans la pièce carrelée et entreprit de se savonner vigoureusement dès que le pommeau lui aspergea la tête. Le jet d'eau, d'abord glacial, puis brûlant, acheva néanmoins de lui ouvrir les paupières. S'enfermant ensuite dans sa chambre, elle inspira un grand coup. Le vrai calvaire commençait.

N'étant presque jamais sortie depuis son enrôlement, Polly n'avait plus l'habitude de jouer les précieuses et réalisait une fois de plus à quel point sa garde-robe se réduisait à peu de chose. Elle repensa à Vincenzo, toujours impeccable malgré son métier (comment faisait-il d'ailleurs?) et se dit qu'il serait horriblement difficile, voire impossible, de l'impressionner. Les Italiennes n'étaient-elles pas reconnues pour leurs mises élégantes?

- Non mais, une seconde! s'exclama-t-elle soudain, pourquoi voudrais-je l'impressionner au fait, hein?

Le ton avait l'accent furibond du mauvais menteur qui se cherche une excuse. Au total, elle n'avait côtoyer Altobello qu'une douzaine d'heures, il ne pouvait être autre chose qu'un ami, alors pour quelle raison désirerait-elle quelque qu'admiration de sa part?

«Pour te sentir normale?», lui glissa une petite voix sensée. «La ferme», la rembarra-t-elle. Le regard de la vampiresse revint impitoyablement se poser sur ses maigres possessions vestimentaires. Excepté ses robes violettes aux contours déchiquetés, elle possédait peu d'habits pour les occasions spéciales. Tout d'abord, un collant noir et opaque semblait inévitable. Immédiatement après, ses pieds se glissèrent par habitude dans ses souliers de tous les jours. Faits de cuir noir, attachés par une lanière, ils étaient d'un poids surprenant et c'est pourquoi Polly les aimait : ils lui ressemblaient. Comme elle, ils trompaient par leur allure innocente, mais frappaient beaucoup plus fort que ce que l'on pouvait croire. Bon! C'était un début, mais toujours pas une tenue. Découragée et surtout pressée par le temps, l'adolescente arrêta son choix sur un chandail assez long pour faire office de robe courte. D'un joli bleu, ses manches couvraient aisément les mains de la vampiresse, ne laissant dépasser que ses doigts, et soulignait sans exagérer sa silhouette aux courbes douces. Terminant de sécher ses cheveux, lissant sa frange, elle inséra son oeil de verre dans son orbite droite pour finalement s'examiner comme elle pouvait. Eh ben, ce n'était pas si mal, vu d'ici! Farfouillant une dernière fois dans le fouillis sous lequel disparaissait sa table de travail, la jeune femme eut la chance inouïe de retrouver une chaînette dorée, offerte par ses parents à l'occasion d'un anniversaire, et qui l'avait suivie jusque dans sa seconde vie. Ravie, elle passa ce précieux souvenir autour de son cou et sourit en sentant les maillons cercler sa gorge. Ce contact la ramenait loin en arrière, à sa vie d'avant, lorsqu'elle quittait la maison pour aller s'amuser au centre-ville, comme tous les jeunes de son âge...


Restait maintenant à régler les derniers détails : comme chaque fois qu'elle s'aventurait dans des lieux peuplés (et celui qui l'attendait risquait de l'être excessivement) l'inquisitrice s'emmitouflait. De petits gants sombres cacheraient ses doigts et son cache-col gris, les cicatrices de ses joues. Elle enfila aussi un vieux manteau, certes moins élégant que son dernier (celui dont la carrière s'était achevée entre les griffes d'un loup-garou), mais dressant néanmoins un dernier obstacle face au regard des civils. «Voilà. Je ne peux pas être plus prête.» Ce n'était pas l'entière vérité : l'appréhension lui serrait l'estomac.

Discrètement, Polly fit son chemin et quitta l'enceinte du QG sans avoir été aperçue. Elle ne tenait pas à ce que des gens de sa connaissance la surprenne, c'était trop... irréel pour qu'ils comprennent. Elle-même trouvait la situation incroyable et souriait largement sous son col.

Quelque part dans le West End, Vincenzo attendait.

Vincenzo était arrivé. Il décida d'entrer s'assurer que tout serait parfait. Une fois a l'intérieur, il fut supris de la grandeur du restaurant. Cela ne se voyait pas de l'extérieur, mais il y avait dans ce restaurant, une section restaurant, un bar, et une piste de danse. Il adorait ce genre d'endroit. Il pouvait aller manger, danser puis boire un porto tout en écoutant la musique classique venait de la scène où se trouvait un groupe nommé The pub Quartet.


Il vit Paulie qui, après avoir adressé des instructions à ce qui semblait être l'assistant Gérant, se dirigeait vers lui.


-Vinnie, ca fait un bail mon ami. Comment-va tu?

Vincenzo pouvait presque appeller cet homme son ami, mais il avait peur de le mettre en danger s'il socialisait trops. Il prit un sourire sincère.

-Je vais très bien et toi mon cher ami? Toujours aussi occupé à ce que je vois. La grande soirée est ce soir n'est-ce pas?

-Biensur, comme à chaque année. Tu en feras partie j'espère.

-tu crois que je suis içi que pour te voir... Pauvre fou. As-tu les deux objets que j'ai commandé de la boutique?

-Toujours aussi direct je vois. Oui, je les ai.

Paulie partit dans une salle non-loin de l'entrée et revint aussitot avec un sac décoratif.

-Les voici. Ils ont été durs à commader dans un aussi bref délai, mais j'ai réussi.


-Je te remercie.

-Mais dit-moi, pourquoi en as-tu commandé deux?

-Tu le sauras ce soir Paulie. Je dois y aller, on se revoit dans une heure.

- À tout à l'heure.

Vincenzo sortit du restaurant et attendit sur un banc devant le magasin adjacent. Il ne lui restait plus qu'à attendre Polly. Il avait hate de voir sa réaction. Car, ce qu'il avait omis de lui dire, était que ce souper était en fait la masquerade annuelle qu'organisait Paulie. Tous allaient être masqués. Même lui! Il avait fait venir de l'Italie des masques faits dans sa ville natale. Ils étaient merveilleux. L'un, le sien, était un masque noir au long nez avec un motif assez joli autours des yeux d'une couleur argenté.(voir ceci : http://images03.olx.com/ui/5/31/16/63232516_1-Black-Silver-Masquerade-Mask-NEW-Masquerade-Masks-.jpg )

Celui qu'il avait fait venir pour Polly était différent. Sa forme était celle d'un croissant de lune noir. Il couvrait seulement la moitiée gauche du visage et le contour de l'oeil droit. Un beau motif fantaisiste ornait le masque. Ce dernier comporte aussi un évantail de plumes de pan qui se déploie vers l'arrière. (voir: https://rpg-vampirique.forumactif.org/t171-masquerade#1253)

Il ne lui restait plus qu'à l'attendre.

Les façades illuminées qui composaient la majeure partie du West End créaient un décor magnifique le soir venu, et personne, pas même les citoyens de Londres, ne pouvait rester de glace devant les immenses silhouettes rectangulaires des bâtiments éclairés. Louvoyant parmi les touristes enjoués, les ados tapageurs et les cadres pressés de retrouver leur foyer, une jeune fille au visage à moitié dissimulé détonnait quelque peu dans l'animation ambiante. Marchant d'un pas vif, elle évitait avec agilité les nombreux passants et quand l'un d'eux la bousculait tout de même, elle prenait à peine le temps de se retourner pour accepter leurs excuses, sans jamais croiser leur regard.

Malgré ce comportement fuyant, Polly flottait sur un petit nuage : elle était dehors! Sans mission à remplir, sans Nocturne à traquer, sans danger pour sa vie, juste l'extérieur et cette autre vie, la vraie, qui lui manquait tant! Heureuse comme il était rare de l'être quand on est un habitué de la City, la vampiresse pirouetta joyeusement sur le trottoir, au grand étonnement des piétons qui la dévisagèrent avec amusement. Baissant aussitôt la tête, elle continua en direction d'Archer Street et s'arrêta devant le restaurant qui l'intéressait : Bocca Di Lupo. Aucune idée de ce que cela signifiait.

Vincenzo était assis un peu à l'écart, en périphérie du carré de lumière projeté par les larges fenêtres de l'endroit. L'inquisitrice le détailla avec curiosité, comme si elle le voyait pour la première fois : un noeud rouge sombre tombait élégamment sur l'éternelle chemise immaculée, cette fois accompagnée d'un gilet, ainsi qu'un long manteau et un grand chapeau assortis au ruban fermant son col. «Wow.» La jeune femme souffla cette exclamation sans vraiment y penser. Il est vrai que le costume de l'Italien était plutôt frappant. Elle sourit. Il était impossible. Même dans une situation aussi banale, il ne pouvait s'empêcher de sortir du lot. En s'approchant de lui, elle avait l'impression de revenir quelques semaines auparavant, lorsqu'elle devinait pour la première fois le prédateur derrière l'hôte aux manières suaves et ce soir encore, la tenue irréprochable ne pouvait totalement effacer le tueur de l'homme du monde.

«Monsieur Altobello, je présume?»

Ses yeux souriaient. L'allure de Vincenzo lui donnait envie de jouer les grandes dames pour cette soirée particulière.

«Monsieur Altobello, je présume?»


Sans la regarder encore, il devina que tout ce qu'elle pouvait voir de cet angle était son sourire. ll prit une voix de gentleman et dit:

-Le seul et unique. Madame Alison? Quel plaisir que de vous voir içi.

Vincenzo se leva prestement. Il prit son chapeau dans une main et fit une révérence.

-Permettez-moi d'être votre cavalier pour cette merveilleuse soirée.

Il releva la tête pour la regarder dans les yeux( facon de parler). Il vit un affreux manteau et des gants qui n'étaient pas des plus beaux non-plus.

-Ma chère, dites-moi que vous avez un accoutrement meilleur que celui-ci en dessous.


Elle semblait un peu piquée par sa réplique et allait surment répliquer quand elle prit une respiration et d'un geste un peu lasse, elle entrouvrit son manteau.

Il fut surpris de la beauté de celle-ci. Elle portait ce qui semblait être une robe a manches longues d'un bleu qui fit ressortir la couleur de ses yeux. Vincenzo remarqua aussi une jolie petite chainette en or qui ornait son cou. Polly avait vraiment mit le paquet et cela surpris Vincenzo comme nul autre. Naturellement, il ne le laissa pas paraitre préférant la complimenter.


-Si je puis me permettre le commentaire. Vous êtes ravissante ''Madame'' Alison. Je pourrais même ajouter qu'aucune étoile ne brille autant que vous en ce moment. Du moins, quand vous enlevez ce manteau.

Vincenzo sourit de plus belle, dévoilant pour la première fois, ses dents d'un blanc immaculées.

-J'ai un présent pour vous. Il vous sera très utile ce soir ma très chère.

Dit-il en tendant le sac contenant son masque pour la soirée.


Alors qu'elle prit le sac, Vincenzo attendait qu'elle l'ouvre pour enfiler le sien qu'il gardait dans sa main qui était demeurée dans son dos.

- Merci infiniment, il est magnifique. Je… je ne sais pas quoi dire…


Vincenzo eut un regard chaleureux et dit:

-Tout le plaisir est pour moi! Vous n'avez rien à dire, vous n'avez qu'à m'accompagner. Cela ferait mon bonheur.


Il disait ceci avec sincérité. Elle...comment pouvait-il décrire ce qu'elle créait chez lui? Elle l'intriguait, l'amusait et surtout, arrivait à le faire sourire. Il Pensa que cette soirée allait être des plus memorables.


-Alors, allons-y!

Vincenzo dit ces mots en enfilant le masque qu'il avait gardé pour lui. Une fois cela fait il tendit la main vers Polly comme confirmation qu'elle acceptait de l'accompagner.

Une fois à l'intérieur, Vincenzo se permit de faire signe à Paulie qui parlait au loin. Il devait être le seul homme dans la salle sans un masque au visage.
Il trouvait cela ironique que ce soit lui l'hôte de cette soirée. Après tout, il s'était fait passé pour lui la première fois qu'il adressa la parole à Polly.


Paulie approcha.

-Bonsoir monsieur, bonsoir madame, mon nom est Paulie et je serai votre hôte pour la soirée. Bienvenue à la grande masquerade.


Vincenzo répliqua:

-Merci beaucoup mon cher Paulie, pourriez-vous nous guider à notre table pour deux.



-Avec plaisir Vince, mais dis-moi qui est cette belle demoiselle qui t'accompagne.

-Je te présente madame Polly Alison. Polly, je vous présente Paulie Diasposo, un ami de longue date.

Il sourit malignement en disant ceci.


-Eh bien, je dois avouer que monsieur Altobello a beaucoup de goût quand cela concerne les femmes. Pour la table, veuillez me suivre.


Paulie guida le chemin vers le deuxième étage où se trouvait d'autres tables et une vue sur la piste de dance qui elle se trouvait au premier étage.

Une seule table était munie d'ustensiles et d'une chandelle. Les autres tables étaient vides. Elle se situait sur le bord de la rampe surplombant la piste de dance.

-Voila mon cher Vince. Je t'ai promis une place tranquille, alors je t'ai réservé le deuxième étage au complet. Je dois m'absenter quelques instants, un serveur arrivera sous peu avec le menu.



Vincenzo attendit que Paulie parte et il tira une chaise puis invita Polly à s'asseoir. Une fois celle-ci assise, il prit place en avant d'elle. Il la regarda dans les yeux avec un regard chaleureux.


-Alors, comment vous sentez-vous? Toujours un peu nerveuse?

Derrière ses paupières closes, Polly perçut néanmoins le changement de luminosité. Lentement, elle ouvrit les yeux pour découvrir le restaurant et en resta bouche bée : c'était beaucoup plus vaste que ce que la façade laissait présager! Rapidement, Vincenzo fit signe à un homme, le seul allant à visage découvert dans tout ce remue-ménage. Il s'approcha d'eux et, très Italien dans ses manières, les salua :

- Bonsoir monsieur, bonsoir madame, mon nom est Paulie et je serai votre hôte pour la soirée. Bienvenue à la grande mascarade.

- Merci beaucoup mon cher Paulie, pourriez-vous nous guider à notre table pour deux?, répondit le tueur sur le même ton.

- Avec plaisir Vince, mais dis-moi qui est cette belle demoiselle qui t'accompagne?

- Je te présente madame Polly Alison. Polly, je vous présente Paulie Diasposo, un ami de longue date.

Il existait donc un véritable «Paulie Diasposo». Cela eut pour effet de distraire l'inquisitrice de sa panique et elle dut se mordre la lèvre pour ne pas rire. L'individu était si différent de celui habitant réellement le 146 Parklane Drive. Ce fou rire intempestif, qu'elle réprima du mieux qu'elle put, parvint à limiter la gêne que soulevèrent les paroles de l'hôte lorsqu'il parla de nouveau :

- Eh bien, je dois avouer que monsieur Altobello a beaucoup de goût quand cela concerne les femmes. Pour la table, veuillez me suivre.

Il montèrent un escalier et débouchèrent sur un plancher exempt de visiteurs. Après l'animation du rez-de-chaussé, la vampiresse accueillit avec gratitude cette accalmie. Diasposo les conduisit vers une table surplombant l'aire dégagée servant de piste de danse, vue impressionnante puisqu'elle offrait un tableau complet des lieux rien qu'en se penchant par-dessus la rambarde. Le masque noir couvrait l'oeil valide de Polly, l'obligeant à tourner la tête pour examiner les choses de face et en avoir la meilleure vision possible, et cette manière de faire lui donnait l'air d'un enfant, tant elle ne voulait manquer aucun détail! Elle s'absorbait d'ailleurs tellement dans la contemplation du quatuor installé en bas qu'elle faillit ne pas saisir les derniers mots du propriétaire :

- Voila mon cher Vince. Je t'ai promis une place tranquille, alors je t'ai réservé le deuxième étage au complet. Je dois m'absenter quelques instants, un serveur arrivera sous peu avec le menu.

Il redescendit à la rencontre des prochains clients. Toujours prévenant, Altobello lui tira une chaise et attendit qu'elle s'y assoie avant de lui-même prendre place. Son regard sourit.

- Alors, comment vous sentez-vous? Toujours un peu nerveuse?


- C'est... incroyable. Je vais tenter de ne pas vous remercier tout au long des prochaines heures, mais croyez bien que dès que nous sortirons d'ici, vous n'y couperez pas!

C'était une promesse. Elle réalisait maintenant à quel point cette activité humaine lui avait manqué. Jamais, depuis le soir où on l'avait défigurée, elle n'avait osé entrer dans un lieu comme celui-là et Vincenzo, toujours lui, avait trouvé le moyen de se jouer de toutes ces contraintes qui la laissaient cloîtrée entre les murs de l'Inquisition. Derrière l'arc sombre de son loup, la joie envahit le visage de la jeune femme.

- C'est... incroyable. Je vais tenter de ne pas vous remercier tout au long des prochaines heures, mais croyez bien que dès que nous sortirons d'ici, vous n'y couperez pas!


Vincenzo remarqua par ses yeux qu'elle était véritablement heureuse. Il se demanda s'il devait répondre. Prenant une voix sereine et heureuse a la fois, Vincenzo s'ouvrit et dit:

-Nul nécessaire de me remercier, c'est moi qui vous doit la vie. Je dois admettre que les derniers jours m'ont montré que vous êtes....

Vincenzo stoppa net, son visage tournant au rouge, il était content de porter un masque. Il avait peur en fait. Il ne voulait peut-être pas l'avouer, mais Polly commençait vraiment à lui plaire et il ne voulait pas gacher la soirée. Il décida donc de changer de sujet.

-Pardonnez-moi mon lapsus, j'ai totallement oublier ce que je disais. J'étais trop préoccupé par la beauté que vous dégagez avec ce masque. Je ne dis pas que vous l'êtes moins sans, mais je constate que je n'aurais pu faire mieux comme choix de masque.

Vincenzo sourit timidement. Il se sentait idiot. Il se comportait comme un collégien....Intérieurement, il fulminait d'embarras pour lui-même. ..

La scène était drôle a voir. Une jeune femme et un jeune homme masqués. L'un évitant le regard de l'autre. Tout cela tandis qu'en arrière plan règnait une mélodie de Bach.

Tandis qu'elle se débarrassait de son manteau, la Nocturne resta attentive à ce que disait son interlocuteur :

- Nul besoin de me remercier, c'est moi qui vous dois la vie. Je dois admettre que les derniers jours m'ont montré que vous êtes...

L'Italien s'interrompit brusquement, une fixité soudaine figeant son regard derrière son faux visage au long nez. Que s'apprêtait-il à dire avant que les mots ne lui fassent faux-bond? Qu'elle était... plus dangereuse qu'elle n'en avait l'air? Rien de nouveau là-dedans, mais peut-être n'était-ce pas ce qu'il voulait dire. Il reprit.

- Pardonnez-moi mon lapsus, j'ai totalement oublié ce que je disais. J'étais trop préoccupé par la beauté que vous dégagez avec ce masque. Je ne dis pas que vous l'êtes moins sans, mais je constate que je n'aurais pu faire mieux comme choix.

Le feu farda une enième fois les joues de l'inquisitrice. Décidément, il n'avait pas son pareil dans tout Londres pour la faire rougir, quoique la vampiresse commençait à comprendre que c'était là sa façon de s'exprimer. Peu à peu, elle s'habituait à l'entendre la complimenter, regrettant seulement de ne pas avoir la même aisance pour lui répondre. Un petit sourire étira la commissure des lèvres de Vincenzo et tout à coup, Polly se retrouva face à un jeune homme de dix-neuf ans, qui en paraissait pourtant bien plus à cause de ses yeux sombres. C'était comme dévisager un inconnu qui vous est familier, en sachant pertinemment qui se tient devant nous. Quelque part au rez-de-chaussé, les musiciens entamèrent un morceau classique. Les conversations devenaient plus diffuses au fur et à mesure que les clients s'installaient à leurs tables, mais à l'étage, l'atmosphère se densifiait.

- C'est la première fois que je te vois ainsi, avec un masque autre que celui du tueur. Il te va bien tu sais?

Elle le sentait un peu mal à l'aise... et cela semblait contagieux.

- C'est la première fois que je te vois ainsi, avec un masque autre que celui du tueur. Il te va bien tu sais?


Vincenzo n'avait pas d'idée quoi répondre. Était-ce un compliment sur son embarras...que ca lui allait bien? Mais qu'est-ce que cette emotion qu'il sentait monter en lui....De la gêne....mêlée à une forme de chaleur, de....Bonheur? Il se sentait bizarement bien....


-M....merci.

Au même moment, un serveur arriva et leur présenta le menu avant de repartir.

Vincenzo se décida rapidement a prendre son repas préféré: Une bonne assiette de Cannelloni farcis aux asperges grattinées.
Une fois qu'il eut décidé, il déposa le menu que pour trouver Polly cachée entièrement par le menu. Il se retint pour ne pas rire un peu. Elle déposa, au bout de quelques minutes, son menu.

Vincenzo avait profité du temps de selection de Polly pour penser a quoi dire et comment agir.Il choisit de laisser aller les choses et de ne plus se cacher derrière Son masque.

-Alors, ma très chère, qu'allez-vous prendre? Moi je sais ce que je prendrai pour le repas et pour plus tard. *son sourire grandit* Pour le repas, j'irai avec le plat le plus populaire du restaurant, tandis que pour plus tard, je prendrais, si cela vous dit, une danse avec la plus belle femme en ville...

Vincenzo regretta ce qu'il venait de dire. Il e sentait vulnérable dans ses moments.

L'espace d'un instant, l'inquisitrice se demanda si son partenaire n'allait pas tomber de sa chaise tellement il avait l'air surpris. Elle ne l'avait jamais vu comme ça. Se félicitant silencieusement de son bon mot, elle l'entendit la remercier alors qu'un serveur passait comme un fantôme pour déposer le menu devant eux. Délicatement, elle ouvrit le sien et, les yeux écarquillés, se mit à lire avidement le nom des différents plats proposés comme si leur simple mention suffisait à satisfaire sa faim, ce qui était totalement absurde. En effet, Polly s'était trouvée face à un dilemme avant de quitter les Catacombes : boire du sang ou pas? Se sustenter de cette manière aurait diminué les chances qu'elle reluque le cou des invités, mais lui aurait coupé l'appétit pour toute la soirée, et elle ne désirait pas laisser Vincenzo manger seul... d'autant plus qu'elle avait si rarement l'occasion de consommer de la «vraie» nourriture. La morgue s'était donc passé de sa visite...

Voilà, son choix était fait. Ce serait certe consistant (doux euphémisme pour ne pas dire pantagruélique), mais ferait possiblement l'affaire. Elle reposa la carte. Vincenzo avait encore changé d'attitude, il semblait maintenant plus calme, bien qu'il lui resta une indécelable gaucherie, vite dissimulée lorsqu'il ouvrit la bouche :

- Alors, ma très chère, qu'allez-vous prendre? Moi je sais ce que je prendrai pour le repas et pour plus tard. *son sourire grandit* Pour le repas, j'irai avec le plat le plus populaire du restaurant, tandis que pour plus tard, je prendrais, si cela vous dit, une danse avec la plus belle femme en ville...

Ses yeux fuirent aussitôt la phrase terminée. Se ravisait-il? La jeune femme ne voulut pas le savoir et répondit immédiatement :

- Et vous me laisseriez toute seule sur cette mezzanine? Permettez-moi au moins de venir la chercher avec vous, que je profite un peu du spectacle!

Un soubresaut haussa légèrement son masque sur son visage : elle souriait à pleines dents, ravie de pouvoir le taquiner un peu.

Le tueur était surpris de sa réponse, mais il rit dun franc rire quand elle le dit. Plus la soirée avançait, plus il pouvait percevoir al joie de Polly. Celle-ci qui se présenta chez lui quelques jours plus tot avec un air grave et solonnel souriait surment a grandes dents sous son masque, se marrant de l'invitation de Vince. Il aimait la faire rire, lui faire plaisir.

-Le seul problème c'est que comment pourrai-je vous trouver si vous cherchez avec moi?! Cela ne fait pas de sens.

Vincenzo sourit et dans une lueur de vengeance dit:

-A moins biensur que vous préféreriez que je trouve une femme....un peu...plus grande!

Vincenzo lanca un regard taquin envers la vampire. Il ne le pensait évidement pas, mais il aimait la voir se vexer un peu...il la trouvait franchement jolie....

- Le seul problème c'est que comment pourrai-je vous trouver si vous cherchez avec moi?! Cela ne fait pas de sens.

«En effet», pensa-t-elle en souriant. Ce faisant, elle posa délicatement ses coudes sur la nappe, et son menton sur ses doigts croisés. Décidément, elle s'intégrait bien mieux à cet environnement qu'elle l'aurait imaginé! Altobello braqua son regard sur elle, un éclat malicieux brillant dans les orifices de son masque.

- À moins, bien sûr que vous préfériez que je trouve une femme... un peu... plus grande!

Point partout. Deuxième engagement. Les fers se croisent et les yeux de la vampiresse s'étrécirent.

- Vous voulez probablement dire «plus jeune»?

- Vous voulez probablement dire «plus jeune»?

Vincenzo ne comprit pas ce que Polly voulait dire. Que pouvait-elle vouloir dire? Vincenzo eut un moment de lucidité. Les vampires ont une espérence de vie bien plus supérieure aux humains.... Il avait totalement oublié ce détail. À ses yeux, l'âge de la vampire ne l'avait jamais intrigué...Il s'en foutait complètement...Son âge n'affecterait pas le fait que Vincenzo avait une appréciation pour elle. Il se sentit idiot et ne voulait pas offenser son amie. Après tout il.....

Il interrompit son flot de pensées avant qu'elles n'aillent trops loin.

-Désolé. Je ne voulais pas vous offenser ma très chère.

Son regard vira sans qu'il ne s'en rende compte vers le sol et il se perdit dans ses pensées. SA voix s'adoucit a croire que ce n'était pas lui....Une tonalité totalement différente de son habituel ton poli...Il s'exprimait ...Se rendait vulnérable.

-Peu importe l'âge que vous avez, je m'en fou..*vincenzo cherchait ses mots...* cela ne change pas qui vous êtes... Vous avez du le remarquer, vous êtes la seule personne à qui je me dévoile....Je ne saurais dire pourquoi....mais...Vous arrivez à... comment dire....Vous me captivez Polly Alison. C'est tout ce que je comprend....Je ne sais pas pourquoi....


Vincenzo se leva tranquillement pour aller s'accouder sur la balustrade qui donnait sur la piste de danse. Il était embarrassé une fois de plus. Il n'était pas habituer d'être vulnérable ainsi.

- Peu importe l'âge que vous avez, je m'en fous. Cela ne change pas qui vous êtes... Vous avez dû le remarquer, vous êtes la seule personne à qui je me dévoile... Je ne saurais dire pourquoi... mais... Vous arrivez à... comment dire... Vous me captivez Polly Alison. C'est tout ce que je comprends... Je ne sais pas pourquoi.

Calmement, il quitta sa chaise pour aller prendre appui la rampe dominant l'aire de danse, déserte à cette heure-ci, tandis que pour sa part, Polly restait figé, le regard magnétisé par le manteau rouge. Elle... Elle n'était pas tout à fait sûre d'avoir bien compris, même si les paroles de l'Italien ne laissaient pas beaucoup de place à l'interprétation. Alors... il l'appréciait? Était-elle en quelques sortes... importante à ses yeux? La vampiresse n'osa pas espérer plus loin.

La silhouette d'Altobello se découpait de manière assombrie puisqu'il faisait face à la clarté du premier plancher. Silencieuse, ne désirant pas briser ses méditations, l'inquisitrice se leva à son tour. Elle désirait se montrer digne de cette confiance, montrer à Vincenzo que jamais elle n'abuserait de ces moments où il semblait perdre pied. Elle arriva à la limite de son angle mort, un peu à sa droite, hésitant de la meilleure conduite à adopter, des mots à dire et taire... Comme on approche une bête farouche et possiblement sauvage, Polly posa ses avants-bras sur la balustrade pour se mettre à la même hauteur que le jeune homme. Elle s'immobilisa. Ce qu'elle s'apprêtait à faire pouvait se charger d'un sens particulier, surtout depuis l'accident qui avait faillit coûter la vie au tueur. Était-elle prête à l'assumer?

«Oui»

Sa tête oscilla, pour venir se poser avec légèreté sur l'épaule de Vincenzo. Sachant pertinemment que c'était-là qu'il avait été blessé, elle ne la déposa pas franchement, mais fit un pas de côté qui l'approcha encore de l'assassin. Son corps n'avait pourtant aucune chaleur à partager.

- Merci. C'est... la plus belle chose qu'on m'ait dite depuis longtemps. Depuis toujours, peut-être. Tu es quelqu'un d'exceptionnel, Vincenzo Altobello, et je ne voudrais pas que tu disparaisses de ma vie aussi soudainement que tu y es apparu. Avec toi, je me sens normale. Comme si je n'avais pas de cicatrices.

- Merci. C'est... la plus belle chose qu'on m'ait dite depuis longtemps. Depuis toujours, peut-être. Tu es quelqu'un d'exceptionnel, Vincenzo Altobello, et je ne voudrais pas que tu disparaisses de ma vie aussi soudainement que tu y es apparu. Avec toi, je me sens normale. Comme si je n'avais pas de cicatrices.

Vincenzo était terriblement touché. Il ne s'était pas souvent fait dire ca. Même son amour défunt ne lui avait jamais dit quelquechose d'aussi profond...S'il aurait été chez lui, il aurait a une larme de joie se frayer un chemin jusqu'a son oeil, mais il était un Altobello, et en public cela n'avait pas lieu d'être.

Il prit une bouffé d'air et s'apprêtait a répondre tandis qu'un bruit de pas interrompit ses pensées.

-Si vous voulez, je vous montrerai quelque chose plus tard, mais je crois que notre souper est arrivé.

Vince prit place a sa place tandis que Polly en fit de même. Il était perdu dans ses pensées. Comme avant chaque repas, il pria en latin, chose qu'il faisait quand il portait l'uniforme préféré de son père. Il le faisait en sa mémoire.

-Deus benedicat hoc farinam et Benedicite Polly Alison enim communicansque cum me.Bon appétit.

Vince prit une bouchée sans plus attendre.

Le serveur sembla apparaître sans crier gare (pourquoi l'aurait-il fait d'ailleurs?) faisant sursauter la vampiresse comme s'il venait de la prendre en faute.

- Si vous voulez, je vous montrerai quelque chose plus tard, mais je crois que notre souper est arrivé.


L'air ailleurs, Vincenzo arborait une expression lointaine à mille lieues de la surprise qui venait de saisir sa partenaire. Ils s'assirent et, encore une fois au grand étonnement de Polly, Altobello joignit ses mains et prononça quelques mots à travers lesquels elle crut entendre son nom. Était-ce de l'italien? Qu'est-ce que cela signifiait? Loin d'être à la mode en ces temps postmodernes, la religion se perdait de plus en plus, aussi l'inquisitrice n'aurait jamais imaginé le jeune homme réciter spontanément le bénédicité. Elle-même n'était pas très croyante et se tenait à une distance prudente de ses collègues férus de prières, tel que cette recrue venue de l'étranger, Dantès. Mais bon, cela n'avait aucune importance... Vincenzo n'avait jamais tenté de la tuer au nom de Dieu.

«Non, il est beaucoup plus spontané que ça», pensa-t-elle en se remémorant leur première altercation, et elle retint un sourire narquois. Ce regain d'insouciance la poussa à prendre un risque :

- Un instant, apostropha-t-elle le garçon de table qu'elle retint délicatement par la manche, qu'auriez-vous à me conseiller pour accompagner ce plat? Disons quelque chose de capiteux...

L'homme la détailla de son mieux et, bien que dissimulée par son masque, la vampire se sentit mal à l'aise d'être ainsi dévisagée, allant jusqu'à regretter d'avoir ouvert la bouche. Allait-il cesser de la fixer? Elle avait été claire pourtant...

- Vous m'excuserez, Mademoiselle, mais même accompagnée de Monsieur, je suis dans l'impossibilité de servir de l'alcool à une mineure.

Ah, c'était donc ça! Pas que cela fasse avancer les choses, mais au moins était-ce normal. À son tour, Polly soutint silencieusement le regard du serveur en haussant un sourcil, légèrement contrariée. Pour une fois que se présentait l'occasion de boire un verre en agréable compagnie, voilà que cet imbécile venait faire du zèle! Laissant filtrer un soupir, la jeune femme révisa son jugement : d'accord, il ne pouvait pas savoir, mais... cela n'empêchait pas la Nocturne de s'amuser un peu à ses dépends. Hochant gravement la tête pour montrer qu'elle comprenait, elle glissa une main dans la poche de son manteau suspendu au dossier de sa chaise, en tira un porte-monnaie et du porte-monnaie, son permis de conduire. D'un geste sûr, elle tendit la carte, dont la photo datait d'avant son «accident». Peu convaincu, le serveur se saisit du petit rectangle plastifié et l'inspecta, jusqu'à-ce que la perplexité se peigne d'une telle manière sur ses traits que c'en devint impayable! Néanmoins impitoyable, la vampiresse le laissa se débattre avec son dilemme, lui opposant un visage d'albâtre. Complètement largué, l'homme se tourna vers Altobello pour y quêter une explication, quand son regard se fit soudain méfiant, croyant peut-être l'Italien complice de la combine. Dès qu'elle devina ce début de paranoïa, Polly décida que la farce avait assez duré :

- Je sais, je ne fais pas mon âge, n'y prêtez pas attention. Vous disiez donc...?

Et, pour le rassurer, lui servit son air le plus innocemment charmeur.

Vincenzo regarda la scène se produire et rit intérieurement. Il se doutait depuis le début qu'elle était plus agée que lui. Quand le serveur qui était maintenant incertain de la démarche à suivre le regarda, Vincenzo lui sourit:

-Je vous assure qu'elle est majeure. Si vous avez des doutes, demandez à Paulie. Maintenant, je crois que mademoiselle ici présente attend toujours votre réponse...

Vincenzo trouvait cela très drole.

Le serveur se retourna vers Poly avant de lui répondre:

-Mille pardons madame, je ne pensais pas que vous seriez les invités de monsieur Diasposo. Alors pour accompagner le tout je vous conseillerais une bouteille de Brunello di Montalcino. C'est un vin rouge de Toscane. Nous avons une bouteille dans notre réserve, un 2004, très bonne année...

-Nous la prenons...

Dit Altobello en regardant par dessus la balustrade. Un petit groupe de danseurs s'était formé. Il était toujours perdu dans ses souvenirs.

Prenant la relève, Altobello renvoya le garçon pour presqu'aussitôt replonger dans sa rêverie, laissant Polly se demander si elle devait l'interrompre. Probablement pas, il devait être habitué à la compagnie du silence et la jeune femme calqua son attitude sur celui-ci. Retirant prudemment son masque, elle le posa juste à côté de sa main et attaqua son repas comme si sa vie en dépendait... quoiqu'avec un minimum de retenue. La première bouchée passa trop vite, sans avoir le temps de déposer un goût quelconque sur sa langue, mais la seconde la fit carrément frémir! Des épices! Et l'acidité de la tomate qui pinçait derrière les oreilles, la sensation sinueuse des pâtes lorsqu'elle en avala une fourchetée, tout cela agit sur son système comme une décharge électrique grisante. C'était à la fois si bon et si... inutile. Car Polly n'était pas dupe, elle savait que rien de ce qu'elle prélevait dans son assiette ne la rassasierait vraiment. La faim persisterait.

Le serveur revint avec une bouteille et en une fraction de seconde, le loup noir sauta presque de lui-même au visage de sa propriétaire, créant un éventail de fortune avec les plumes de paon. Le garçon de table s'en retourna bredouille : tout ce qu'il avait entr'aperçut de la mystérieuse «mineure majeure» était de grands yeux gris effrayés, soit peu de choses à raconter à ses collègues de cuisines.

Son calme retrouvé, l'inquisitrice reporta son attention sur Vincenzo. Il lui semblait trop loin maintenant et elle voulut le ramener à elle, à l'instar d'une maîtresse possessive.

- Vous êtes perdu, Mr l'Italien...

L'intonation oscillait entre l'interrogation et la constatation.

La phrase de Polly le ramena à la réalité. Il était perdu et non seulement dans ses pensées, mais aussi dans son coeur.

Il se retourna vers Polly, un sourire au visage.

-Pardonnez-moi ma très chère, je m'étais égaré dans mes pensées. Merci de me ramener à la réalité.

Vincenzo prit une bouchée de son repas tout en regardant les yeux de la vampire qui semblaient laisser deviner une certaine faim...Cette faim... il y avait pensé et avait prévu le coup....Il avait toujours une poche de sang dans son frigo au cas ou il devait se faire une transfusion maison...Celui-ci était de son propre sang qu'il se faisait enlever aux 2 mois. Il en avait apporter une poche, mais ne l'avait pas dit a Polly.

-Ma très chère, j'ai une question a vous poser. Que devez-vous faire pour vous ''nourrir'' au QG et surtout, cela vous cause-t-il un effet de dépendance et ou de vouloir partir chasser?


Il était direct, mais ne voulait pas de surprise...

L'interpellé sourit.

- Pardonnez-moi ma très chère, je m'étais égaré dans mes pensées. Merci de me ramener à la réalité.

Portant lentement sa fourchette à ses lèvres, le jeune homme capta le regard de Polly, qui dû faire un effort de volonté pour ne pas éviter le sien. Pas qu'il fut désagréable, loin de là, mais il était devenu... scrutateur. Mal à l'aise, l'inquisitrice attrapa son verre pour créer une illusion de barrière entre ces yeux bleus attentifs et elle. Qu'avaient-ils donc tous à la dévisager ce soir? Que cherchait l'Italien? Et pourquoi avait-elle l'impression de savoir ce qu'il observait? Nerveuse, la vampiresse effleura ses crocs du bout de la langue et soudain, elle comprit : Vincenzo devinait sa faim. Merde. Histoire de bien confirmer ses craintes, celui-ci reprit :

- Ma très chère, j'ai une question a vous poser. Que devez-vous faire pour vous ''nourrir'' au QG et surtout, cela vous cause-t-il un effet de dépendance et ou de vouloir partir chasser?

Clair et moins élégant que l'habituel parlé du tueur. Plus formel. On se serait presque cru de retour en salle d'interrogatoire. Avec une délicatesse affectée, l'intéressée posa ses couverts sur la surface immaculée de la nappe. Il était périlleux, même après neuf ans de transformation, d'aborder ce sujet avec la vampiresse, mais Altobello voulait une réponse et Polly se sentait incapable de l'envoyer promener... quoique l'envie ne lui manquait pas.

- La première chose que l'on m'a fait comprendre après mon enrôlement a été cette règle d'or sur laquelle reposerait désormais ma vie : sous aucun prétexte, je ne devais toucher à un humain pour me nourrir. Les Catacombes s'assuraient ainsi de ma docilité, puisqu'à moins de les trahir, je dépendais d'eux. Croyez-moi, une telle façon de se sustenter n'est pas de celles auxquelles on devient «accroc».

Vérité partielle, l'inquisitrice balafrée n'ayant rien laissé filtrer de son actuel état de famine. Elle ne voulait pas gâcher cette soirée avec cet aspect si... inhumain de son quotidien.

La réponse de son interlocutrice faisait deviner que celle-ci n'aimait pas parler du sujet et il s'avisa de changer le cap. Prenant une coupe vide, il sortit de son manteau, la poche de son sang. Cela avait un aspect surréaliste puisqu'il fit tout ceci le sourire au lèvres. Il versa du contenu dans la coupe en faisant bien attention de ne pas en renverser. Ce qui était drôle était que le vin qu'ils avaient commandé était de la même teinte que le sang du tueur.


-J'ai pensé a vous avant de partir et me suis rappeler a quel point je serais idiot de vous inviter dans un restaurant qui en vous nourrirait même pas. Permettez-moi de me racheter en vous servant une coupe. J'espère que je ne suis pas trop déplacé.

Vincenzo déposa la coupe sur la table près du verre d'eau de la jeune femme. Il espérait se racheter....