Bocca Di Lupo (Pv reservé Polly)

Polly ouvrit de grands yeux lorsque Vincenzo fit apparaître comme par enchantement un sac flasque rempli d'un liquide sombre. Un sac qui n'était pas sans rappeler les poches que lui fournissait régulièrement la morgue du QG. L'Italien lui servit une coupe.

- J'ai pensé a vous avant de partir et me suis rappeler a quel point je serais idiot de vous inviter dans un restaurant qui en vous nourrirait même pas. Permettez-moi de me racheter en vous servant une coupe. J'espère que je ne suis pas trop déplacé.

Incapable de détacher son regard du récipient cristalin, la vampiresse hésitait entre se saisir du verre et s'horrifier. Elle opta pour un juste milieu.

- Vincenzo, d'où ça sort, ça? lâcha-t-elle d'un ton qu'elle espérait calme.

La phrase qu'elle lacha sonna alarmée ou inquiète, Vincenzo ne savait pas. Mais elle exigeait une réponse:

-Ma très chère dans le milieu d'ou je viens, il est important d'être équipé...Cette flasque-ci sort de ma réserve personnelle. N'ayez crainte, je ne l'ai pas volé et personne n'est mort pour remplir ceci. C'est quelqu'un qui a volontairement donner son sang pour moi...

Vincenzo ne voulait pas lui dire que c'était le sien, car elle pourrait le réprimander et il voulait juste passer une belle soirée en sa compagnie...

D'accord. Le sang d'un... volontaire donc. La jeune femme espérait que ce dernier n'avait pas un revolver sur la tempe au moment de signer les papiers administratifs. Sans quitter le tueur des yeux, elle tendit la main et porta le verre à ses lèvres.

«Merde.»

Par mégarde, elle avait attrapé sa coupe de vin et une grimace lui tordit le nez lorsque l'amertume de l'alcool se déposa sur sa langue. Reposant vivement la coupelle de cristal, la vampiresse se saisit de la seconde, servie plus tôt par Vincenzo, et la vida d'un trait pour effacer le goût intempestif du Brunello.

«Oups.»

Voilà qui manquait singulièrement de civilité, de se jeter ainsi sur un verre de raisiné. Gênée, elle reposa la coupe sur la table, son regard fuyant la vision de l'objet taché d'une traînée rouge et gluante. Indifférent à son trouble, le corps de la Nocturne assimilait le sang à la vitesse de l'éclair, optimisant au maximum les ressources du précieux liquide, diffusant une chaleur trompeusement vivante de son estomac à son coeur mort. Son organisme chantait, reprenait vie une fraction de seconde au passage de l'hémoglobine, comme une sève éphémère ne permettant qu'un unique battement de coeur à l'arbre qu'elle nourrissait. Polly était un arbre piégé dans éternel automne.

Le visage de l'inquisitrice s'était assombri et son masque n'avait rien à voir là-dedans. De si sombres pensées avaient prises d'assaut sa conscience... des pensées? Non. Une réalité. Inéluctable. Une larme perla entre les cils de son oeil gauche. N'avait-il aucun moyen d'échapper à cette malédiction?

Vincenzo rit intérieurement quand la Vampiresse prit la mauvaise coupe, mais s'avisa de ne rien dire. Il regarda plutôt la réaction de celle-ci. Il vit un changement imperceptible en elle et soudain vit une goutte se former au plis de son oeil gauche. Quelque chose clochait:

-Polly ma très chère, ai-je fais quelquechose de mal? Je vous prie de m'en excuser si cela est le cas. Qu'avez-vous donc?

Vincenzo ne s'attendait pas a cette réaction et se demanda s'il n'avait pas fait quelque chose de totalement idiot en amenant cette poche!

Essuyant d'un geste vif la perle saline trahissant son état d'âme, la vampiresse voulut rassurer le jeune homme. Il semblait si sincèrement soucieux que Polly sentit une étrange émotion donner un coup au niveau de son sternum, entre la gratitude et... autre chose. Elle tenta d'ébaucher une réponse :

- Ce n'est rien, pardon, je... je ne sais pas ce qui m'a prise de vider cette coupe aussi vite, ce n'était pas très élégant, vous... tu... ah, merde! Tu dois me prendre pour un monstre après ce que tu as vu, j'ai agi comme n'importe quel autre!

On sait qui étaient «les autres». L'inquisitrice balafrée ne comprenait pas pourquoi cet aspect de son état vampirique la dérangeait autant tout à coup. Elle y était habitué pourtant, même qu'il lui arrivait à l'occasion d'en rire en sifflant une poche de sang devant les stagiaires de la morgue.

- Je suis navrée, je fais un vrai drame de ma... ma vraie nature, c'est bête de ma part... tu n'y es pour rien, ne t'en fais pas, finit-elle en souriant comme elle put.

''L'Italien'', comme elle l'appelait, trouvait que Polly s'en faisait trop pour rien. S'il avait su qu'elle se sentait ainsi il aurait éviter la situation. Pour remonter le moral, il afficha un sourire sympathique.

-Ma très chère, n'oubliez pas ce que je vous ai dit sur le toit de mon appartement, n'ayez point peur de ce que vous êtes...Soyez fière!

Vincenzo s'approcha de la jeune femme et lui susurra à l'oreille:

-Si voous le désirez, je peux vous en servir une autre coupe.. Pour être franc, vous n'avez vraiment pas a vous excuser devant moi. J'ai fait bien pire que de vider une coupe d'un coup... Je ne parle pas de sang biensur.

- Ma très chère, n'oubliez pas ce que je vous ai dit sur le toit de mon appartement, n'ayez point peur de ce que vous êtes... Soyez fière!

Il n'avait que trop raison. Polly sécha ses larmes en veillant à ne pas appuyer sur sa prothèse occulaire et releva la tête, le coeur plus léger. Elle fit un bond lorsqu'elle constata qu'Altobello avait profité de ces quelques secondes pour furtivement approcher sa chaise. Suave, la voix de l'Italien glissa comme un velours liquide lorsqu'il continua :

- Si vous le désirez, je peux vous en servir une autre coupe... Pour être franc, vous n'avez vraiment pas à vous excuser devant moi. J'ai fait bien pire que de vider une coupe d'un coup... Je ne parle pas de sang bien sûr.

Ces dernières phrases pouvaient être interpréter de différentes façons, mais la vampiresse essaya de ne pas y penser. Déjà que la proximité du jeune homme lui faisait perdre une grande partie de ses moyens, l'odeur de son sang n'en devenait que plus précise et tentante... l'inquisitrice pencha la tête sans pouvoir s'en empêcher, afin d'humer plus facilement le doux parfum des veines bleues.

- Bon... puisque vous insistez, je serais bien sotte de dire non, dit-elle en tirant le verre à elle, l'air rêveur, ensuite, peut-être pourrons-nous revenir à votre première proposition. La danse?

Vincenzo esquissa un sourire.

-Je n'attendais que vous. Je me suis dis qu'il vaudrait mieux m'assurer que vous soyez à l'aise dans cet environnement avant de vous emmener danser.

*L'italien versa une autre coupe*

-À la votre, Polly Alison!

Vincenzo prit son verre et le tint à la hauteur de sa tête tout en regardant Polly dans les yeux. Certes, elle n'avait qu'un oeil valide, mais son regard était joli a regarder.

- Et à votre prévenance, Vincenzo Altobello. Sans quoi je doute que j'aurais passé une aussi belle soirée.

Elle se surprit à répondre naturellement au toast qu'il porta. La vampiresse était si... à l'aise que c'en était vertigineux. Elle n'avait pas menti au mafioso en disant qu'elle se sentait normale à ses côtés : sa nonchalance, cette confiance qu'il dégageait et cette façon qu'avait son regard bleu de glisser sur ses cicatrices comme s'il ne les voyait pas lui faisait oublier qu'elle était Nocturne, dangereuse et défigurée. Elle redevenait Polly Alison, l'adolescente de Bayswater.

«Non, ce n'est pas ça, se ravisa-t-elle, il est impossible de revenir en arrière...»

Mais avec l'Italien dans le tableau, le futur ressemblait moins à un cul-de-sac. Polly inclina la coupe et cette fois, son contenu ne la répugna pas.

Les deux trinquèrent à leur santé. Ce fut un bon moment pour Vincenzo. Il aimait la voir sourire. Cela lui faisait chaud au coeur que malgré la guerre qu'il avait toujours mené, un bonheur était atteignable et un sourire accessible.

Une fois leur coupe vide, Vincenzo regarda la jeune vampire et dut s'approcher.

-J'ai bien peur que vous en ayez sur le bord de la bouche.


Sans se soucier du danger, Vincenzo prit son doigt et le passa au coin du visage de la vampire pour y recueillir une goutte de sang. Tout en souriant, il porta celui-ci a sa bouche et le lécha. Après tout, c'était le sien.

-Pardonnez-moi, je ne pouvais m'en empêcher.

Il. Était. Très proche. Limite trop. Elle sentit la chaleur de son doigt plus qu'elle ne le vit car ses yeux ne pouvaient quitter ceux de l'Italien, de peur qu'une distraction ne vienne attiser ses instincts vampiriques. Tranquillement, le jeune homme lécha la gouttelette écarlate recueillit au coin de sa bouche.

- Pardonnez-moi, je ne pouvais m'en empêcher.

«Vraiment? Eh ben, tes proies déteignent sur toi Altobello.»

Polly avait un peu de mal à y croire : ainsi il était capable d'avaler sans broncher le sang d'un parfait inconnu? Ou du moins, de quelqu'un d'autre? Non, il y avait des limites à tout, même au cran de l'assassin.

«Et si c'était le sien?» Voilà qui serait parfaitement logique. Mais quant à s'en assurer...

- Je... vois. Je pourrais même dire que je comprends, dit-elle avec un léger sourire, Partons-nous à la recherche de votre cavalière à présent?

Vince eut un rire franc et sonore. Il trouvait très drôle la blague de Polly.


- Partons-nous à la recherche de votre cavalière à présent?...


Vincenzo se leva de son siège et se mit devant Polly avant de tirer une révérence soignée.


-Madame Polly Alison, me feriez-vous le grand honneur de m'accompagner et de partager une danse ou deux avec moi?

Il tendit alors sans relever le regard une main recouverte d'un gant blanc où figuraient ce qui semblait être des prières et des symboles religieux.

Le masque reprit sa place pour cacher le visage de la jeune femme.

- Ce sera avec plaisir.

En abandonnant sa main à Vincenzo, la vampiresse effleura les broderies qui ornaient son gant immaculé. Petites croix et symboles tarabiscotés se mêlaient gracieusement sur le tissu blanc : que signifiaient-ils? Alors qu'ils s'engageaient dans les escaliers, Polly osa la question :

- Ce sont des gants uniques que ceux-là, vous n'avez pas peur de les abîimer?

Vincenzo ne s'étonnera jamais assez des questions de la vampiresse.

-Ces gants, voyez-vous, appartenaient à mon père. Il les portait à chaque chasse aux vampires. Chaque fois, il les prenaient et priait tandis qu'il les trempaient dans l'eau bénite. Il ne les enlevaient qu'une fois sa proie morte et brulée. Beaucoup de sang fut lavé de ceux-ci. Biensur, nous savons aujourd'hui que l'eau bénite ne fait pas grand chose et que c'est purement mental, mais pour mon père....C'était son rituel de chasse.


Ils arrivèrent en bas des marches et purent voir que la salle était maintenant bondée de gens masqués rigolant, buvant et dansant.

Joyeux. Les doigts de la vampiresse se crispèrent inperceptiblement. Des gants de chasse, rien que ça? Contente qu'ils aient pris leur retraite, du moins le supposait-elle.

Le rez-de-chaussé et plus préciséement la piste de danse était désormais envahie par les corps et le bruit. Voilà qui faisait un choc après le calme de l'étage, mais la nervosité de l'inquisitrice avait eu le temps de se muer en impatience. Elle avait faim de fête. Tentant de ne pas lâcher la main du tueur pour s'élancer au milieu des convives, la jeune femme dut faire un compromis, elle s'élança donc quand même en entraînant Vincenzo à sa suite.

Tout à coup, le monde se réduit à un kaléïdoscope de couleurs, d'odeurs et de frôlements, de mouvements indistincts... et la présence d'Altobello non loin.

Il allait sans dire, la vampire voulait aller danser. Elle le traîna au beau milieu de la scène tandis que le quartet de musiciens jouaient un air joyeux, invitant les gens à valser.

Vincenzo se devait d'être galant. Il fit une révérence avant de prendre la main de sa partenaire de danse et de poser son autre juste au dessus de sa hanche. Il voulut prendre le premier pas, mais elle ne le suivait pas. Peut-être n'avait-elle jamais valsé.

-Pardonnez-moi très chère, mais avez-vous déjà valser?

Encore une fois, la jeune femme ne put s'empêcher de figer une micro seconde lorsque Vincenzo passa son bras autour de sa taille. La dernière fois que quelqu'un avait enlacé sa taille, on avait tenté de lui briser les reins dans la foulée, le contact était donc... inhabituel. Mais pas désagréable, il fallait le reconnaître.

- Pardonnez-moi très chère, mais avez-vous déjà valser?

- Euhhh... non non, je saurai me débrouiller.

Son oeil transmit son sourire. À l'instar des autres couples, ils tournoyèrent un moment sur la piste, la tête légère. Les conversations allaient bon train autour de l'aire de danse et Polly n'y prêtait aucune attention jusqu'à-ce qu'un rire lui fasse lever les yeux, assez rapidement pour intercepter l'éclat de deux canines acérées entre des lèvres d'un rouge intense. Son instinct inquisiteur aussitôt en alerte, l'adolescente attendit le second tour pour confirmer son diagnostic. Le doute était peu permi : la mascarade comptait ce soir un vampire parmi ses invités.

Pourtant, l'inquisitrice nocturne ne se sentait pas d'humeur à lui donner la chasse. Elle avait bien droit à un congé, non? D'un autre côté, son devoir l'empêchait de laisser en liberté (surtout vivante) une créature de la nuit. Mais peut-être y avait-il une autre solution...

Subrepticement, la vampiresse se rapprocha de son partenaire et s'étira le cou pour passer son menton par-dessus son épaule. Passant sa main sous le bras d'Altobello, elle agrippa délicatement son masque entre le pouce et l'index. L'autre, intriguée par son manège, ne la quittait pas des yeux. Prenant son courage à deux mains, Polly décala légèrement le croissant noir sur le côté, découvrant la moitié de son visage et retroussa le nez en un rictus féroce. Elle espérait le message clair : l'humain qui l'accompagnait était sa chasse-gardée.

Assise à sa table, la femme aux cheveux sombres eut un mouvement de surprise. Elle avait dû apercevoir les cicatrices de l'inquisitrice, mais étrangement, elle considéra ce dernier détail comme un moindre mal : si cela pouvait servir sa cause, elle pouvait s'en accomoder. Le loup reprit sa place. La danse continuait.

L'italien trouva que pour une débutante en valse, Polly se débrouillait pas si pire. La musique continuait et la danse aussi. À un moment donné, Polly se rapprocha légèrement de lui et passa son menton par dessus de son épaule. Vincenzo ne porta pas grande attention a ce mouvement. Un demi-cercle plus tard, il vit une femme se lever, l'air outrée. Celle-ci ne devait pas avoir aimer sa soirée. Tout sembla normal jusqu'à ce qu'elle lance un regard à Polly, un regard froid et dur. Avant de partir, celle-ci sourit voyant que Vincenzo la regardait. Le détail le plus frappant fut les canines plus développées qu'un humain normal.

-Mais qu'est-ce que....? Dit l'Italien à sa partenaire.

Il allait arreter de danser pour suivre cette femme qui éveillait ses instincts de chasseur, mais il ne voulait pas ruiner la soirée.

Si la femme n'était pas si loin, il aurait pu jurer que c'était une vampire! Que devait-il faire? Devait-il prendre en chasse cette femme ou continuer la soirée du bal?

Sa grimace sembla obtenir l'effet désiré lorsque la vampire abandonna sa table avec un air indigné pour se diriger vers la sortie. Mais finalement, avant d'atteindre la porte, la Nocturne jeta un dernier coup d'oeil meurtrier à l'inquisitrice et sourit de tous ses crocs à l'intention d'Altobello. Mauvaise idée, pour deux raisons :

«Dis donc, t'as pas compris, sangsue?» gronda intérieurement la vampiresse blonde. Voilà pour la première raison, la seconde reposant en la personne de Vincenzo, qui savait comment traiter avec les créatures de la nuit. Bref, la Nocturne du Bocca di Lupo n'aurait pu choisir pire cible à asticoter.

- Mais qu'est-ce que....?

«Ça y est, on est parti», pensa Polly, un peu morose. Mais Vincenzo ne réagit pas comme elle s'y attendait. Il hésita. Rechignait-il lui aussi à répandre le sang ce soir?

«Mais si on la laisse aller, je vais y penser toute la nuit, réfléchit l'inquisitrice en fustigeant du regard la silhouette qui disparaissait par l'encadrement, et je n'ose pas imaginer la fête qu'on me ferait si Meadows venait qu'à l'apprendre.»

Il avait le don d'être au fait de ses moindre faits et gestes, celui-là, aussi leva-t-elle à contre coeur les yeux vers son cavalier.

- Bon, tu l'as vue comme moi. Serais-tu prêt à prendre quelques minutes, histoire que la soirée reste... plus ou moins sans nuage?

Maudite Vampire de merde! Comment osait-elle ruiner la soirée de Vincenzo.


-Je vais m'en occuper.

Le ton de Vincenzo était pire que juste froid, il était en colère. Il lacha sa partenaire et se fit un chemin rapidement a travers la foule jusqu'a dehors. Tout en marchant, il cherchait Paulie des yeux. Paulie savait qu'il y avait toujours la possibilité qu'un etre de la nuit rode non loin et gardait pour Vince quelques armes. Paulie l'avait remarqué quitter la piste de danse et savait d'après son air que cela n'inspirait rien de bon. Il sorti de sous sa table l'arme du père de Vince. Il alla le rejoindre et sans un mot, lui donna l'arme.


Vincenzo sortit dans la rue et aperçu la vampire entrer dans la ruelle. Il s'y précipita.

Quand il arriva dans la ruelle, la vampire lui faisait face, mais était placée environ 2 mêtres plus loin.

-Alors, tu es le jeune humain que l'autre voulait garder pour elle-même. Je vois pourquoi. Un jeune homme au sang si riche doit avoir un gout exquis.

Vincenzo rageait. Il dégagea son manteau de sa main gauche et dévoila l'arme. Cette arme était en fait un crucifix pouvant être prise pour une vielle relique a première vue. Ce crucifix en fer de style gothique avait un manche pouvant être pris pour un pieu et le bout était pointu à s'en faire mal. Vincenzo appuya sur un bouton sur le manche, un déclic retentit et une chaine pleine de pointes tomba du bout du crucifix. Cette arme était en fait celle de Francesco Pazzi Altobello, un fouet.

-Vous venez de gâcher ma soirée sale sangFroid.


-Awww c'est dommage, l'humain est faché? Quel misérable insecte! dit-elle de son air arrogant.

Vincenzo commenca à brandir son arme, décrivant de grands arcs de cercle autour de lui. la chaine produisait des étincelles lorsqu'elle entra en contacte avec le sol.

-Je ne peux dire que la même chose: Quel dommage que vous deviez ruiner MA soirée.

Uh-ho. Le jeune homme avait l'air littéralement furieux. Sans perdre de temps, il quitta la salle après avoir fait un crochet pour rejoindre l'hôte, qui lui passa quelques chose sous le manteau. Quelque chose à l'éclat froid et métallique. Polly s'apprêtait à suivre Vincenzo lorsqu'une pensée l'arrêta :

«Dis-moi ma vieille, tu ne penses pas qu'il te manque un truc ou deux?»

En effet, alors qu'elle se préparait à rejoindre sa proie, elle réalisa qu'elle n'était pas vraiment équipé pour lui donner la chasse, à moins de l'étrangler avec sa chaînette dorée. Ce qui, avouons-le, avait autant de chance de réussir que d'essayer de vider un lac avec une passoire. La vampiresse jeta un coup d'oeil à la ronde avant de s'élancer discrètement, grapillant sur les tables au passage. Un instant plus tard, certains clients cherchèrent en vain leurs ustensiles, puis jetèrent l'éponge pour demander qu'on leur en apporte d'autres.

L'avantage du Bocca di Lupo était sont côté «traditionnel», tradition incluant une argenterie bien aiguisée. Surtout les couteaux. L'outil bien en main, se fiant à son ouïe, l'inquisitrice perçut un râclement de fer contre la brique dans la ruelle adjacente et s'y dirigea sans attendre. La scène qui s'y déroulait aurait fait flancher le plus aguerri des policiers humains : le visage dur, Altobello donnait de l'élan à une chaîne barbelée de mauvais augure, menaçant la vampiresse brune qui le toisait néanmoins de toute sa superbe. Polly serra les lèvres : l'expression de leur adversaire ne présageait rien de bon et la jeune femme se retrouvait comme toujours face à son éternel problème de conscience. Tuer une créature d'aspect humain la répugnait toujors.

Du coin de l'oeil, caché sous son loup rouge, la brune la regarda s'avancer.

Sans plus attendre, Vincenzo élança le fouet en direction de la vampire qui évita le premier coup, mais pas le deuxième. La chaine vint faire une entaille dans le bras de la brunette. Vincenzo ne perdit pas de temps et asséna des coups successifs sur la vampire qui se défendait de ses mains. Elle semblait surprise de la violence de l'humain et de sa force. Il maniait cette arme comme un professionnel et chaque coup était calculé. Même si celle-ci pouvait être plus forte que la majorité des humains, elle ne pouvait pas arreter la chaine. D'un coup circulaire, elle se retrouva enroulée au cou de la Vampire. Les pointes vinrent se planter dans la peau et empecha la vampire de se dégager de son étreinte épineuse.

Vincenzo enclencha le processus de rembobinage de la chaine ce qui le forca à s'approcher. En avançant, Vince dit:

-Tu ne mérite pas de vivre carcasse, donc meurt comme les 150 vampires avant toi par cette chaine.

D'un mouvement rapide, Vincenzo tira de toute ses forces sur le crucifix, ce qui arracha violemment les pointes au passage et du même coup la tête de la brune. Pour s'assurer de la mort de celle-ci, il planta le pieu dans le coeur de la sangfroid.

Il rétracta la chaine dans le crucifix et se retourna. Il avait l'air essouflé. Il faut dire que manier cette arme requiert beaucoup d'énergie et il venait de décapiter une vampire. Il vit que Polly l'avait suivi et vit qu'elle semblait troublée de la violence qu'avait fait preuve Vince.

Il abaissa son regard vers le sol...

Vincenzo venait de voir que Polly avait assistée à la scène. Il était désolé, tellement désolé qu'elle dut voir cette facette de lui. Ils avaient chasser ensemble un loup, mais elle n'avait pas vue comment il chassait les vampires. C'était une vraie boucherie dans cette ruelle. Le sang se répendait lentement dans la ruelle et une odeur féreuse envahit l'allée.


-La fête continue, monsieur Altobello. Vous me raccompagnez?


Vincenzo resta surpris. Elle ne lui en voulait pas. C'était surprenant considérant qu'elle venait de voir comment horriblement douloureuse pouvait être la mort par sa main. Vincenzo ne pouvait cependant pas vivre avec la vision de cette femme qu'il venait de tuer de sang froid devant Polly....Il se sentait indigne de la raccompagner. Il tourna les talons et décida qu'il ferait mieux de rentrer chez lui....


Il commença à marcher et dépassa Polly pour tourner vers le coter opposé au restaurant...

Un regard douloureux répondit à sa question. Sans un mot, Vincenzo la contourna et se dirigea vers la rue, avec l'intention de s'éloigner du restaurant.

«D'accord, il se passe quelque chose et j'ai la vague impression que ç'a un rapport avec ce qui vient de se produire», pensa la jeune femme en trottinant aussitôt à la suite de l'Italien pour le rattraper. Mieux valait mettre les choses au clair au plus vite.

Accélérant soudainement, elle tendit la main pour saisir le manteau rouge et ramener son propriétaire dans l'ombre qu'elle ne pouvait quitter sans son masque. Usant impunément de toutes ses capacités surnaturelles, Polly l'attrapa à bras le corps et le plaqua durement contre la pierre, l'immobilisant en s'appuyant de tout son poids contre son épaule. D'un geste vif, elle tira sur le loup à long nez et approcha une fois de plus son visage du cou de l'assassin. Si l'inquisition avait su cela, elle aurait probablement été abattue dans l'heure suivante, mais ce soir, elle était libre. Plus libre qu'elle ne l'avait rarement été.

«Voilà tout l'effort qui m'aurait été nécessaire pour t'égorger, Vincenzo, et nul doute que cette femme avait encore plus d'expérience que moi dans ce domaine. En lui réglant son compte, tu as sûrement ôté une menace au-dessus de bien des têtes qui l'ignoraient et l'ignoreront toujours.»

Elle marqua une pause.

«C'est ce que je me dis chaque fois que j'abats un Nocturne.»