Bocca Di Lupo (Pv reservé Polly)

Vincenzo se sentit soulevé de terre et ramené vers le mur. Il vit le visage de Polly de près, mais ne fit rien. Il savait que trop bien que celle-ci ne pouvait lui faire de mal sans amener sa propre mort.


-Polly! Je vous déconseille de continuer votre acte. Cela pourrait s'avérer tragique.


Vincenzo pouffa un petit sourire et baissa les yeux vers son ventre. D'un geste, il ne fit qu'accoter le manche pointu de son arme sur le ventre de Polly. Cette arme avait été parée tout au long et d'un mouvement, le tueur aurait pu l'enfoncer dans le crane de sa proie. Vincenzo ne lui en voulait certainement pas, mais il était toujours en mode Chasse. <


-Je comprend très bien ce que vous voulez me dire, mais je ne peux m’empêcher de penser que je suis une abomination créée pour tuer, un simple objet et ma propre personne me répugne en ce moment! Alors, si votre intention est de me tuer ici et maintenant, allez-y!

Malgré le ton grave, Polly ne put s'empêcher de sourire. La situation lui en rappelait une autre.

- Ça c'est ma réplique, Vincenzo Altobello, pas la tienne. Tu n'as pas été créé pour tuer : personne ne naît pour cette seule raison. Tu ne vas quand même pas me dire que tu as attaquer cette vampire uniquement parce que tu l'as aperçue, n'est-ce pas?

Elle sentait le pieu piquer son nombril à travers le tissus de son chandail bleu. Menace pour la forme, pas très convaincue à ce qu'il lui semblait.

- Abomination. Objet. Qui a décidé de ça? C'est une abomination qui m'a tendue la main, un soir, sur un toit de Parklane Drive? Qui a empêché un lycan de me tomber dessus, deux semaines plus tard? C'est un objet qui a cru en mon humanité dans la même ruelle où il mourrait, où j'aurais pu l'achever? Si nos actions parlent pour nous, Vincenzo, les tiennes semblent plaider en ta faveur... à mes yeux en tout cas.

Abandonnant son attitude de danger public, l'inquisitrice relâcha son emprise, sans toutefois reculer. Doucement, elle croisa les bras en appuyant sa tête sur le gilet noir du tueur. Sa chaleur humaine manqua de la faire frissonner.

- Tu m'as beaucoup offert ces derniers temps, mais permets-moi de te demander encore ceci : juste une minute. Une minute d'humanité.

Le reste de son corps se figea. Qu'était-elle en train de faire?





Pour l'instant, elle n'en n'avait cure.

Vincenzo ne savait comment réagir devant l'obstination de Polly de le traiter comme un humain....Comme un ami... malgré tout le tort et la souffrance qu'il pouvait causer autour de lui. C'est la première fois qu'un être le traitait ainsi. Même sa famille le craignait. Polly était différente. Vincenzo ne s'était pas senti ainsi depuis longtemps....tu es en amour Vincy...Satanée voix.....Vince devait admettre que la voix avait partiellement raison. . .

Pendant que l'Italien pensait a tout ça, son corps agit de lui-même. Sa main échappa l'arme ensanglantée sur le sol. Ses bras vinrent entourer la jeune vampire et il pencha la tête sur la sienne.


Une larme silencieuse coula le long de sa joue pour venir atterrir sur le sol froid et humide...


La voix de l'Italien se fit bientôt entendre.

-Pardonnez-moi....Très Chère.

Vincenzo écouta les mots de la jeune vampiresse et la laissa s'éloigner. Il se laissa tomber de dos sur le mur de la ruelle. Il devait penser à ce qui se passait dans sa tête. «ton coeur...»

~Vince, concentre-toi sur cette voix. Cette voix, je la connais. Elle m'est familière. Je dois replacer le souvenir de cette voix. Réfléchit! RÉFLÉCHIT! Elle est mielleuse, et réconfortante. «Tu me connais très bien Vincy.» D'où provient cette mélodie? Je n'y comprends plus rien.....Une minute! Vincy, je n'ai pas entendu ce nom depuis...Depuis...


Des cris retentirent dans la tête de Vince. Des cris de souffrance. Des cris de morts. Un crépitement de feu. Le bruit de dents qui s'enfoncent dans de la chair. Vincenzo voyait dans sa tête le cauchemar qu'il avait fait suivant la mort de ses parents. De cette vision, il entendit la phrase que sa mère aimait le plus:

«Vincy, je serai toujours là pour te soutenir, mon ange.»


Vincenzo était maintenant assis sur le sol fixant le vide devant lui. Il savait ce qu'il devait faire, mais décida de relaxer en attendant sa compagne...

Polly s'éloigna en direction des réverbères, sa main libre agrippant son masque pour le remettre en place, mais avant d'entrer dans la lumière, elle jeta un dernier coup d'oeil dans la ruelle. Appuyé au mur, Vincenzo avait les yeux dans le vague. Elle accéléra le mouvement, déboucha sur Archer Street et entra dans le Lupo qui ne désemplissait pas. La fête continuait de battre son plein.

Contrairement à la première fois, la vampiresse n'hésita pas au moment de franchir le seuil de l'établissement : elle ne voulait pas laisser Altobello seul trop longtemps et cette pensée l'aidait à surmonter son malaise. Finalement, c'était comme se déplacer en ville, se dit-elle en avisant l'homme que l'Italien lui avait présenté à leur arrivée.

- Monsieur Diasposo? J'espère que vous ne m'en voudrez pas, mais j'ai eu à vous emprunter ceci. Ne vous en faites pas, ils ne sont pas abîmés.

L'hôte écarquilla les yeux en la voyant déposer devant lui plusieurs couteaux qu'il reconnu comme ceux de son restaurant. Peut-être avait-il vu sortir le tueur, mais il semblait avoir manqué l'inquisitrice. Cette dernière préféra ne pas s'attarder et monta d'un pas pressé l'escalier qui menait à l'étage. Elle en redescendit quelques secondes plus tard, son manteau sur le dos et le porte-feuille délesté de quarante dollars.

Le petit cygne ayant rendossé son vilain ramage, elle retrouva l'ombre glauque de la ruelle après une absence d'à peine quelques minutes. Trois pas rapides, et la vampiresse s'accroupit aux côtés de Vincenzo.

- Tout va bien?

Cette phrase vint le sortir de son cocon. Il regarda la jeune vampire avec un regard chaleureux, lui sourit, puis dit:

-Je ne pourrais aller mieux...

Se levant, il prit la main de Polly avant de lui dire:

-Je m'excuse pour mon comportement, mais je dois quitter. J'espère que vous avez passée une belle soirée si l'on exclu le meurtre que je viens de commettre.

Sa voix avait changée. Elle était moins froide, plus douce. L'Italien profita du fait que Polly réfléchissait pour ramasser son arme et la cacher dans son manteau. Il s’épousseta avant de finir par se mettre en marche dans la nuit. Il se retourna avant de disparaître complètement:

-Si jamais cela vous plait, venez me visiter. Il me fera plaisir de vous y accueillir.

L'italien se mit ensuite en marche vers sa demeure.


(Voir Parklane Drive)